Gaza: un appel à la paix par un Gaspésien

Une lettre d’opinion signée par Thierry Haroun, citoyen de Percé. Comment rester les bras croisés devant une telle boucherie à Gaza, ce que de plus en plus de voix et d’organisations nomment, avec raison, un génocide ou encore un nettoyage ethnique?
Je joins donc ma voix aux 300 écrivains qui, dans Libération le 26 mai dernier, signaient un texte intitulé, on ne peut plus clair : « Nous ne pouvons plus nous contenter du mot ¨horreur¨, il faut aujourd’hui nommer le ¨génocide ¨ à Gaza ».
Pour s’en convaincre, s’agit-il seulement de voir les images de centaines d’enfants affamés tendre le bras au bout duquel une casserole rouillée supplie une portion de riz. S’agit-il seulement de voir des hommes et des femmes, assoiffés, aux visages émaciés, qui en sont à la peau et les os, ne sachant où se cacher par trop de bombes israéliennes qui leur tombent dessus. Les mots me manquent depuis des mois devant tant d’horreur et de sang qui coule par la faute d’Israël qui justifie ce massacre au prétexte que se cache un terroriste du Hamas derrière chaque enfant, derrière chaque porte d’hôpital, dans chaque ambulance.
Qu’il faille certes condamner avec force l’attaque ignoble d’octobre 2023 du Hamas tuant plus de 1200 Israéliens. J’appuie. Qu’il faille combattre ce terrorisme et tout autre forme de terrorisme quel qu’il soit. J’appuie. Personne ne reproche à Israël le droit de se défendre. Mais a-t-il le droit d’attaquer, d’affamer, d’encercler, de bombarder, de bloquer l’aide humanitaire, de viser des enfants, des innocents, et ce, en contravention au Droit international, à la Convention de Genève?
Ce monstre à deux têtes, non pas le peuple d’Israël, mais bien son gouvernement, un gouvernement de va-t-en guerre dirigé par le va-t-en-guerre en chef, Benjamin Nétanyahou, qui a pour devise, disons-le franchement : « Tu veux la paix, tu auras la guerre! ». Et qui, depuis trop longtemps, nous offre en guise de main tendue des bruits de bottes. « Aujourd’hui, c’est l’enfer absolue », a tout récemment déclaré à la RTS le directeur du Comité international de la Croix-Rouge, Pierre Krähenbühl.
Le mot juste
N’ai-je pas dit que je cherchais des mots devant ce génocide qui se fait en direct? Je les trouverai peut-être dans ceux de Simone Weil cités dans le livre La refondation du monde, du philosophe Jean-Claude Guillebaud (Seuil 1999) : « C’est un devoir de nous déraciner, mais c’est toujours un crime de déraciner l’autre »
Quand je pense à la paix, il me vient à l’esprit le mot d’Hérodote cité dans les Mémoires de Raymond Aron. « Nul homme sensé ne peut préférer la guerre à la paix puisque, à la guerre, ce sont les pères qui enterrent leur fils alors que, en temps de paix, ce sont les fils qui enterrent leur père ».
Ou encore ceux de Bono, le chanteur de U2. « Hamas, libérez les otages, arrêtez la guerre. Israël, libérez-vous de Benyamin Nétanyahou et des fondamentalistes d’extrême droite qui déforment vos textes sacrés. »
Je pense aussi à ceux de Fabienne Presentey, membre des Voix juives indépendantes Canada, en préface du livre La conquête de la Palestine de Rachad Antonius (Écosociété 2024). « Les voix juives qui s’élèvent pour dénoncer cette guerre génocidaire contre les Palestinien·nes comprennent que le sionisme a instrumentalisé le judaïsme et hypothéqué l’avenir des deux peuples.
La sacro-sainte sécurité que le projet d’Israël devait garantir au peuple juif n’est rien d’autre qu’un écran de fumée. » Au final, cet appel à la paix que je lance depuis Percé s’appuie aussi sur les paroles de John Lennon « Give peace a chance ». Que peut-on faire comme Gaspésiens pour apporter notre pierre à la construction d’une paix éventuelle et durable ?