La fosse Copper dénoyée l’an prochain
Mine de cuivre à Murdochville
Une étape importante de l’éventuelle relance de Mines Gaspé de Murdochville est sur le point de se produire avec l’étape délicate de dénoyage de la fosse, une opération qui devrait être lancée l’an prochain et durer près de trois ans.
Le débit à la sortie de la fosse sera d’un mètre cube par seconde. L’eau traversera une conduite de 5 km avant d’atteindre trois immenses bassins grands comme des lacs, pour ensuite arriver dans la rivière York.
L’objectif est de retirer 35 milliards de litres d’eau de la fosse, faiblement cuivrée. Métaux Osisko affirme que la qualité de l’eau qui quittera la fosse n’affectera en rien la rivière York, réputée provincialement pour sa pêche au saumon.
« Oui, on est à 100 % certain, indique le chef de la direction, Robert Wares. Avec toutes les études qu’on a faites, on va au-delà de toutes les normes provinciales et de Pêches et Océans Canada. On est très confiant qu’on sera capable de baisser la teneur de cuivre à 10 parties par milliard. Plus loin que ça, c’est de l’eau distillée. On ne peut pas concevoir que cela pourrait affecter les saumons. »
Comme de l’eau claire
La méthode utilisée pour diluer la teneur en cuivre sera la même que celle utilisée dans les usines de traitement des eaux pour alimenter les aqueducs municipaux. Les produits nécessaires seront injectés via la conduite de 5 km, ce qui évitera ainsi de construire une usine de traitement à part entière.
Une surveillance en continu se fera par ailleurs en temps réel pour s’assurer de la qualité de l’eau sortant de la fosse, en collaboration avec des chercheurs du Conseil national de recherche du Canada et l’Institut national de recherche scientifique.
Près de 1,5 million $ seront d’ailleurs investis dans les différents projets, dont une partie financée par Métaux Osisko. Ces résultats pourraient servir ailleurs dans des projets miniers futurs qui côtoient de près ou de loin le saumon, comme en Colombie-Britannique ou en Alaska.

500 000 tonnes de concentrés
En 2025, pas moins de 118 000 mètres de forage ont été réalisés sur les montagnes environnantes. C’est l’essentiel des 150 000 mètres forés depuis le début des activités en 2022. Le cuivre à Murdochville serait d’excellente qualité, selon Robert Wares.
« Le concentré qui sortira de Mines Gaspé a toujours été de très bonne qualité sur les marchés mondiaux et ce sera le cas pour la future mine. Il y a toujours un bon marché pour des concentrés de cuivre de haute qualité », soutient celui qui a été géologue à l’époque de Noranda, dans les années 1990.
Toute la production sera vendue à Glencore, la minière qui avait vendu le site de Murdochville à Osisko pendant la pandémie.
« Il y a une demande pour le cuivre. La pénurie va commencer en 2026 et d’ici 2050, il faudra doubler la production mondiale, qui se tient à environ 23 millions de livres de cuivre métal en raison du développement de l’économie globale et de l’intelligence artificielle. »
Objectif 2032
Selon le chef de la direction, aucun aspect ne mettrait un frein au démarrage de la mine, même si le temps file. « Plus ça avance, plus il y a des retards. En ce moment, on vise 2032. On aura besoin d’un partenaire pour l’exploitation », évoque Robert Wares qui n’exclut pas de vendre Métaux Osisko si l’entreprise recevait « une bonne offre ». L’objectif précédent était autour de 2030.
Pour relancer les activités, quelque 3 milliards de dollars seront nécessaires. « « L’année dernière, on parlait de 1 milliard pour une opération de 50 000 tonnes par jour. Ça s’est avéré pas très favorable du côté économique. On a travaillé pour grossir la ressource. En ce moment, on envisage pour notre étude économique préliminaire 150 000 tonnes par jour », explique le chef de la direction.

Les citoyens impliqués
Il n’est par ailleurs toujours pas question d’ériger une fonderie sur le site en raison de la complexité environnementale. Celle de Murdochville avait fermé ses portes en 2002.
« En Amérique du Nord, il est pratiquement impossible d’obtenir un permis pour une fonderie. Le concentré va partir par bateau pour les fonderies d’Europe ou Horne, en Abitibi », réitère Robert Wares. Le rail fait toujours partie des plans, s’il arrive un jour jusqu’à Gaspé.
« J’imagine que Glencore va envoyer une partie de la production vers la Horne. Ce serait important que le chemin de fer soit réparé. Il n’est pas en état d’accepter des wagons bourrés de concentré de cuivre. Il faudra que Québec s’implique pour remettre le chemin de fer en bon état », suggère le dirigeant.
Cet élément fera notamment partie de l’étude économique préliminaire. Robert Wares espère que le projet pourra se qualifier pour l’accélération des évaluations environnementales alors qu’Ottawa et Québec souhaitent voir les projets stratégiques – notamment pour les minéraux critiques – être analysés plus rapidement.
Les étapes environnementales du projet viendront après le dépôt de l’étude économique préliminaire prévue en février 2026. Si le processus se fait via la voie régulière, il pourrait durer jusqu’à quatre ans.
Par ailleurs, Osisko a mis en place une stratégie pour impliquer les citoyens de Murdochville dans le développement. Jusqu’à maintenant, près de 200 résidents sont actifs dans les discussions.
Osisko prévoit un forage de 40 000 mètres additionnels pour préciser la ressource en 2026.
Par