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Pour que le trou noir cesse enfin

Rencontre publique à Grande-Rivière
La quarantaine de personnes présentes tenaient à s’exprimer sur leur réalité vécue durant le trou noir. (Photo Le Soir – Nelson Sergerie)

Une quarantaine de personnes se sont déplacées lundi avant-midi à Grande-Rivière afin de s’exprimer sur les impacts du trou noir dans leur vie alors que le député bloquiste de Gaspésie-Les Îles-de-la-Madeleine-Listuguj a pris note sur leurs revendications.  

Ces personnes se sont réunies au Club de l’âge d’or de Grande-Rivière sous l’initiative du Mouvement action chômage Pabok.

Le trou noir est la période durant laquelle une personne ne reçoit aucune somme entre la fin des prestations de l’assurance-emploi et la reprise de son travail saisonnier.

« C’est très difficile pour les gens, commente Denise Cloutier, gérante d’une boutique touristique à Percé. Avec le trou noir à la fin de l’hiver, les gens qui n’ont pas de rentrée d’argent, c’est beaucoup de stress. La saison n’est pas assez longue. Il faudrait que le régime soit ajusté pour tenir compte de ça. Ça n’a pas de sens pour les gens qui vivent comme ça. »

Le recrutement du personnel est difficile pour elle, car lorsque les travailleurs trouvent un emploi qui permet de recevoir de l’argent à l’année, ils abandonnent sa boutique.

« Quand on est dans le trou noir, on n’a le droit à rien, ajoute pour sa part Suzanne Cyr, une travailleuse d’usine de transformation du secteur des pêches. Il faut s’arranger. Si vous n’avez pas de revenu, on fait comment pour tout payer? Si on est malade, on fait quoi? Le gouvernement nous oublie. On n’existe pas. On est dans l’oubli. »

Pour elle, le trou noir représente une perte monétaire importante durant près de deux mois. « Si vous n’avez pas de partenaire, on fait quoi pour arriver? On fait quoi pour manger, payer nos médicaments? »

Projet pilote insuffisant

Le Mouvement action chômage Pabok note les demandes des gens. « Par eux-mêmes, ils demandent 35 semaines d’assurance-emploi et le diviseur qui se promène entre 18 et 20 redescend à 15 semaines », explique la coordonnatrice Nadia Mongeon.

Le diviseur est le nombre des « meilleures semaines » pour établir les prestations. Ainsi, la prestation est calculée à partir du total de la rémunération assurable divisée par le nombre requis de meilleures semaines – une donnée variable selon le taux de chômage – multiplié par 55 %. Les libéraux avaient promis une réforme du régime en 2015.

« Il faut toujours garder espoir. Est-ce que ça va se régler maintenant? Nous, on ne peut pas lâcher la pression. Il faut que ça se règle. Le projet pilote de cinq semaines n’est pas réaliste. Il faudrait 15 semaines », ajoute Nadia Mongeon.

Le député bloquiste Alexis Deschênes s’est déplacé pour écouter les chômeurs. (Photo Le Soir – Nelson Sergerie)

Des appuis politiques

Le député de Gaspésie-Les Îles-de-la-Madeleine-Listuguj était présent pour entendre les revendications des chômeurs. « Je retiens que nous faisons face à des travailleurs vaillants, résilients, qui sont victimes d’un régime injuste qui ne les traitent pas avec dignité », commente Alexis Deschênes.

Le Bloc québécois déposera un projet de loi pour « corriger » le régime. « Depuis les dernières semaines, le gouvernement Carney a décidé de discriminer les travailleurs de Gaspésie et les Îles-de-la-Madeleine, notamment en disant que moi, je vais donner 20 semaines de plus aux travailleurs de longue date, soit les gens qui n’ont pas eu affaire à l’assurance-emploi ces dernières années. Nos travailleurs saisonniers sont écartés », note l’élu. Celui-ci fait référence aux travailleurs de l’acier et de l’automobile de l’Ontario victimes de la guerre des tarifs des États-Unis.

« Déjà que le régime est tout croche, le gouvernement Carney l’a rempiré », affirme sans détour le bloquiste. La saisonnalité du travail reste au cœur du problème, selon lui. « Ce ne sont pas les travailleurs qui sont saisonniers, c’est le travail », rappelle-t-il.

« On va déposer un projet de loi au Bloc québécois au courant des prochaines semaines pour proposer une réforme. Je vais utiliser tous les moyens à ma disposition pour aider les travailleurs. »

« Dans nos demandes pour le budget, il y avait celle-là. Engagez-vous à faire une réforme de l’assurance-emploi. Avec le recul, pourquoi on ne traite pas ces gens dignement? Il y a dans la caisse de l’assurance-emploi assez d’argent pour traiter les gens correctement. On a un des régimes les moins généreux. »

Le premier magistrat sur place

Le maire de Grande-Rivière, Gino Cyr, était lui aussi présent pour soutenir les travailleurs saisonniers.

« Il faut que ces gens puissent échapper au fameux trou noir. C’est une question sociale. Il y a des familles, des enfants. Je sais qu’au mois d’avril, il y a des enfants qui se présentent à l’école et avec le manque de revenus, ces jeunes écopent. C’est une période d’incertitude inquiétante. Le gouvernement fédéral devrait être capable de s’assurer que les travailleurs saisonniers évitent le trou noir. »

Le maire de Grande-Rivière, Gino Cyr, est venu appuyer les travailleurs saisonniers. (Photo Le Soir – Nelson Sergerie)

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