Le Musée sur la corde raide
Conférence de presse à l'Assemblée nationale
Le Musée de la Gaspésie n’a plus de marge de manœuvre alors que son élastique est étiré au maximum. Si Québec n’accorde pas davantage de soutien, il pourrait rompre.
Les Musées de l’Est du Québec ont tenu une conférence de presse ce matin à l’Assemblée nationale pour réclamer de nouveau 2,5 millions de dollars à Québec afin d’assurer la survie de 43 établissements en régions éloignées.
« Nous avons vécu trois années déficitaires consécutives. Nous avons puisé dans nos réserves. Nos vérificateurs financiers nous l’ont écrit : sans financement supplémentaire, la pérennité est compromise », explique le directeur du Musée de la Gaspésie, Martin Roussy, qui menait le point de presse.
Être excentré a un prix
Les revenus du musée régional sont composés à 50 % de sources autonomes. Une exposition qui vient au Musée de la Gaspésie coûte le double comparativement à celui d’une exposition dans la couronne de Montréal, en raison de la logistique et des frais de transport. Le tout se traduit par une forme d’iniquité au niveau financier, estime le directeur général.
« Si on veut par exemple présenter une exposition itinérante qui a été fabriquée en ville, à Montréal, pour les gens qui sont à 200 kilomètres de circonférence autour, le coût est à 15 000 $. Mais rendu au Musée de la Gaspésie, c’est 30 000 $. »
« Chaque dollar investi par le Programme d’aide au fonctionnement des institutions muséales ne vaut que 65 sous dans nos régions », ajoute-t-il.
Lors du dernier budget, les musées régionaux avaient demandé à Québec une enveloppe de 2,54 millions pour pallier à ces coûts supplémentaires et combler les surcoûts d’exploitation; une demande restée lettre morte.
« On est ici pour réclamer une action rapide du gouvernement pour éviter la fermeture des musées de l’Est du Québec, pour corriger une injustice et pour protéger nos identités régionales. »

Minuit moins une
Les porte-paroles en Culture des oppositions, les ministres responsables de chacune des régions et les députés ont été rencontrés pour les sensibiliser à cet enjeu. La même requête est refaite publiquement aujourd’hui.
« Si rien n’est fait, le Musée de la Gaspésie comme les autres institutions muséales en régions éloignées risquent de devenir des bateaux fantômes qui vont emporter avec lui une part de notre histoire et de notre identité. Mais si on agit maintenant, on pourra garantir que cette mémoire continuera d’éclairer nos régions », lance Martin Roussy. Celui-ci qui fixe une date limite à décembre pour agir.
Pour les institutions muséales excentrées, la solution passe par l’inclusion du supplément à l’éloignement, une formule qui existe déjà dans d’autres programmes gouvernementaux.
La situation n’est par ailleurs pas plus rose dans les autres musées régionaux de l’est de la province. Celui de Rimouski a notamment dû fermer ses portes pendant huit mois cette année. Le Musée de la Mer aux Îles-de-la-Madeleine est lui fermé depuis le 10 octobre. Celui de la Côte-Nord réduit ses heures d’ouverture et son personnel assume en outre l’entretien des bâtiments.
Le Musée du Bas-Saint-Laurent fait quant à lui face à une forte pression financière. « Un montant de 2,54 millions est modeste à l’échelle d’un budget gouvernemental, mais il ferait une différence immense pour nos communautés et la préservation de notre patrimoine collectif », conclut Martin Roussy.
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