Premier conseil d’établissement du CISSS
Première depuis la création de Santé Québec
Le premier conseil d’administration d’établissement du CISSS de la Gaspésie depuis la création de Santé Québec s’est tenu mardi à Gaspé. La rencontre a permis de mettre la table pour la suite des choses.
Le plus grand changement est dans la mécanique de la prise de décision. Auparavant, le conseil d’administration adoptait des résolutions qui étaient à exécuter par la direction de l’établissement.
Maintenant, le rôle du conseil est de donner des avis au président-directeur général, Martin Pelletier, qui aura le dernier mot.
« Je pense que les avis seront porteurs pour le PDG. Il y a une façon de faire qui sera différente mais qui mettra à contribution en amont un travail d’équipe », évoque le premier gestionnaire de l’organisation.
Le plan d’établissement qui guidera les actions sur trois ans a été présenté avec des objectifs fondamentaux.
« Le plan va nous permettre aussi de faire autrement pour s’améliorer. Une performance qui n’est pas seulement financière, mais aussi pour les ressources humaines qui est un grand défi pour moi. »
Plusieurs défis
En plus d’un nouveau conseil d’établissement, le CISSS doit aussi s’affranchir de la main-d’œuvre indépendante en octobre 2026. Il en reste encore quelque 125 sur 4000 employés, ce qui fait une différence entre un déficit et un budget équilibré pour l’organisation. À un an de la date butoir, la dernière étape pour y parvenir ne sera pas simple.
« C’est beaucoup, pour tenter d’embaucher des gens qui demeurent déjà dans la région. Certains voudront peut-être emménager chez nous. Mais le chiffre est gros. On sait qu’on n’est pas tout seul au Québec », évoque Martin Pelletier.
La difficulté sera de s’arracher des dernières ressources disponibles alors que les grands centres ont déjà pigé dans le panier des travailleurs autonomes.
« On essaie d’être attractif et être intense dans notre recrutement. On fait tout ce qui peut être facilitant pour essayer de les embaucher », ajoute le PDG.
Si le CISSS n’avait pas recouru à la main-d’œuvre indépendante, son budget de 565 millions de dollars serait équilibré. Malgré tout, l’objectif de rapatrier ces gens de l’extérieur du réseau est louable, estime Martin Pelletier. Le taux d’absentéisme du réseau atteint quant à lui 10 %, pour une multitude de raisons.
« On sait qu’on a beaucoup d’amélioration à faire. Il y a différents facteurs contributifs sur lesquels on n’a pas de contrôle, mais on a beaucoup d’efforts à faire pour la rétention. Là, on touche au climat de travail. Des fois, c’est le climat entre individus ou avec un supérieur. Il y a des choses qui arrivent et qu’on travaille. » Il espère en outre rendre la vie plus facile aux travailleurs.

Réalité rurale
Québec commence aussi à comprendre les spécificités de la région avec ses quatre hôpitaux et ses trois urgences à opérer.
« Je suis optimiste. Ça avance. Il reste qu’il y a des limites à la capacité de payer au provincial. Mais je suis satisfait de la liberté qu’on nous laisse pour avoir des initiatives locales pour atteindre les mêmes objectifs », remarque celui qui à la tête du réseau de la santé en Gaspésie depuis 2022.
Les dernières études techniques et analyses demandées pour l’urgence et les soins intensifs de l’hôpital de Maria seront par ailleurs déposées prochainement. La réponse viendra au prochain budget.
Mais Martin Pelletier ne peut pas s’avancer à savoir à quel niveau de priorité se trouve le projet de Maria comparativement aux autres projets en élaboration à Santé Québec. Même chose pour le projet de la salle de naissance de la Maison de la famille Parenfant de Gaspé. De plus amples informations devraient être dévoilées en novembre.
« Ça fait toujours partie des choses à faire. Pour la prochaine année budgétaire, on essaie de le faire entrer dans la planification. C’est sous réserve de ne pas avoir d’autres restrictions budgétaires », avance le PDG.
Fin du premier mandat
Enfin, les difficultés de recrutement de médecins s’amplifient. C’est déjà le cas en Haute-Gaspésie et en devenir dans la Baie-des-Chaleurs et Rocher-Percé.
« Il manque 2000 médecins de famille au Québec. On espère être attractifs. Les régions éloignées sont en difficulté », poursuit le président-directeur général en citant l’exemple de la Matanie.
« Il y a peu de gens qui décident de venir en Gaspésie. C’est un problème majeur. On essaie de développer des cliniques IPS. Les infirmières praticiennes spécialisées d’expérience qui vont venir nous aider. On l’expérimente en Haute-Gaspésie. C’est une voie de passage mais ça ne remplace pas un médecin. »
Le mandat de Martin Pelletier arrivera quant à lui à échéance en mai. « J’ai une bonne entente avec Québec. Le reste, ça m’appartient. Actuellement, je dirais que oui, mais j’ai encore un peu le temps pour penser à une extension de mandat », lance-t-il alors qu’il avoue franchement ne pas s’attendre à cette question suite à ce premier conseil d’établissement.
Mais il cache mal son désir de poursuivre le travail amorcé il y a trois ans et demi.

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