Cégep et Sénégal: coopération de 25M$
Cégep de la Gaspésie et des Îles
Grâce à un soutien financier d’Ottawa de 24,8 millions de dollars, le Cégep de la Gaspésie et des Îles poursuivra son œuvre au Sénégal dans un projet de coopération internationale pour former des femmes et des jeunes à l’économie durable de ce pays d’Afrique de l’Ouest.
C’est un partenariat de plus d’une quinzaine d’années qui se poursuit avec le Sénégal afin de développer l’autonomie alimentaire et entrepreneuriale.
Le projet Compétences professionnelles et employabilité des jeunes en environnement (COPEJ) vise le renforcement de la résilience communautaire par l’intégration des jeunes de 15 à 34 ans et des femmes dans un système économique durable, inclusif et favorisant l’adaptation aux changements climatiques.
Deux réserves de biosphère sont ciblées, soit celle du delta du fleuve Sénégal et celle du delta du Saloum. C’est d’ailleurs le plus ambitieux projet de coopération internationale de l’histoire du Cégep de la Gaspésie et des Îles.
Il s’étirera sur 7 ans et compte relever un triple défi au Sénégal : l’adaptation des populations côtières aux changements climatiques, la lutte contre la pauvreté dans les régions rurales et l’intégration socioéconomique des jeunes.
« C’est la consolidation des métiers qui sont autour de l’environnement et de la conservation de la biodiversité marine et côtière. Si ce projet est bien mis en œuvre, il nous vaudra de la création d’emplois dans des secteurs insoupçonnés », explique le directeur de la Direction des aires marines communautaires protégées du Sénégal, Monmar Sow.

Augmenter l’employabilité
Le projet permettra aux participants d’identifier les compétences et d’offrir une qualification, ce qui n’est pas le cas actuellement. Créer des microentreprises est aussi une cible afin de créer un taux d’employabilité de 44 %.
« On espère que le projet COPEJ apportera une bonne contribution pour augmenter le taux d’employabilité », résume Monmar Sow.
L’apport de l’Institut Sainte-Jeanne-d’Arc – un établissement scolaire biculturel français et sénégalais – deviendra important dans le projet afin de qualifier les personnes dans les secteurs ciblés comme la production de yogourt et de lait, ou encore la transformation de fruits, de produits forestiers et de produits de la mer, notamment l’huître fraîche.
Triaxial
Les cibles tournent autour de trois grands axes. Tout d’abord la formation technique de jeunes femmes et de jeunes hommes à travers deux nouvelles entreprises-écoles, qui seront gérées avec un partenaire éducationnel implanté au Sénégal. Ensuite la mise en place de solutions favorisant la restauration de la biodiversité et l’adaptation aux changements climatiques dans le delta du fleuve Sénégal et delta du Saloum. Et enfin l’entrepreneuriat des jeunes femmes et des jeunes hommes dans les domaines de l’économie circulaire bleue et verte.
« Cette approche de compétence de la COPEJ vient juguler la difficulté de rendre ces métiers reconnus avec des qualifications reconnues, ce qui augmentera la qualité des produits. Voilà des exemples concrets », poursuit Monmar Sow.
« J’ai souvent regardé les réalisations du Cégep [de la Gaspésie et des Îles] sur le terrain », précise pour sa part Cheikh Mbow, le directeur du Centre de suivi écologique. Cette entité nationale du Sénégal œuvre dans la surveillance environnementale, la gestion des ressources naturelles et la réalisation d’études d’impact environnemental.
« Il n’y a aucun projet qui n’a pas été conçu avec les communautés pour répondre à leurs besoins et leurs aspirations. Les investissements qu’on faits ont plusieurs avantages, notamment de pérenniser les activités et créer une dynamique collective. Les réalisations du Cégep continuent de prospérer après la fin du projet. »

Alliés depuis longtemps
Depuis leur collaboration il y a 15 ans, il est toutefois difficile d’en faire un bilan.
« Il faut voir que ce sont des processus. Si vous vous intéressez au développement, progressivement, le Cégep a créé un bureau. L’ampleur des activités sur le terrain est diversifiée, mais il y a un centre d’intérêt autour de la conservation de la ressource », ajoute Monmar Sow.
« Il y a eu un renforcement progressif des cadres de gouvernance et de l’espace de travail des femmes. Au début, la chaîne de conservation des ressources naturelles était stratégique », ajoute-t-il en référence aux interventions dans le delta du Saloum dans un effort de développement depuis 10 ans.
Pour le directeur de la formation continue du Cégep de la Gaspésie et des Îles, il s’agit d’un partenariat plus que positif. « C’est vraiment le projet le plus abouti jusqu’à maintenant, note Éric Couillard. Il rassemble tous les éléments qui ont connu du succès dans les années passées. On est contents d’avoir un projet plus durable avec plus d’impacts. »
Pour le Cégep, ce projet viendra accroître les occasions de mobilité étudiante pour 200 d’entre eux, en plus des enseignants à travers des mandats de coopération internationale reliés à différents domaines d’études et de diverses spécialités.
« Quand le projet va évoluer, il y aura un maillage et il y aura de la coconstruction où nos jeunes auront un réel impact dans la communauté. C’est une belle expérience de leur faire des stages pour mettre en pratique les acquis dans leurs programmes d’études », conclut Éric Couillard.
Rappelons quelque 80 spécialistes provenant de 17 pays sont présents actuellement à Gaspé pour discuter de la protection des milieux marins et côtiers. Il s’agit en outre d’un rencontre préparatoire en vue du 6e congrès international IMPAC prévu au Sénégal en 2027.