Pour la protection des mammifères marins

Des agents de Pêches et Océans Canada et du Réseau québécois d’urgences pour les mammifères marins (RQUMM) étaient à la plage Haldimand mercredi pour pratiquer leurs manœuvres d’intervention.
Déjà formée pour la remise à l’eau de baleines échouées, la vingtaine de personnes sur place a pu rafraîchir ses connaissances, notamment grâce à une baleine gonflable de 5 mètres.
Le RQUMM reçoit chaque année plus de 900 signalements pour une moyenne de 500 incidents impliquant des mammifères marins morts, blessés ou en difficulté.
« Dans la grande majorité des cas, ce sont des animaux qui sont déjà morts, donc on récupère des données pour la science afin de comprendre de quoi ils meurent », explique Patrick Weldon, directeur de l’unité de gestion et conservation.
Les carcasses se dirigent souvent à la Faculté de médecine vétérinaire de l’Université de Montréal pour des nécropsies lorsqu’il s’agit d’espèces menacées ou en péril comme le béluga, le rorqual bleu ou la baleine noire.
« Essentiellement, on coordonne l’ensemble des interventions sur le territoire, mais quand il y a des épisodes avec des espèces vivantes, le temps est crucial alors on veut s’assurer d’avoir des personnes en places capables de répondre rapidement, d’où l’idée d’une journée comme aujourd’hui à Gaspé », ajoute Patrick Weldon.
C’est pour cette raison qu’après des mises à jour théoriques en avant-midi, l’après-midi était plus technique, notamment avec une pratique pour le lancer du grappin, outil essentiel pour dégager les baleines noires empêtrées dans des engins de pêche. Dans tous les cas, il faut être prêt à toutes éventualités.

En support
Guy Thibault, agent principal de programme à Pêches et Océans Canada, dont l’un de ses rôles est de coordonner les interventions auprès des mammifères marins, rappelle l’importance d’une mise à jour comme celle de mercredi à Haldimand.
« Les personnes ici aujourd’hui ont déjà suivi la formation avec la Marine Animal Response Society, qui donne la formation, mais il faut se rappeler le théorique et les bonnes techniques; se remettre dans le bain à partir des connaissances qu’on a déjà. »
Un événement similaire a eu lieu l’an dernier à l’île d’Orléans. Le MPO agit incidemment en support lors d’interventions avec des mammifères marins.
« Dans chacun de nos bureaux comme à Gaspé, Grande-Rivière ou aux Îles-de-la-Madeleine, on a des équipements comme des pontons et des civières, en support aux partenaires et aux experts. On a un bon réseau, rapide. »
Question de blanchons
Fait rare à la plage Haldimand, des blanchons ont été observés cet hiver en raison du faible couvert de glace. Le RQUMM rappelle les règles de base dans les circonstances, dont ne pas s’approcher d’eux à au moins 50 mètres. Et de ne surtout pas les remettre à l’eau, ce qui risque de les tuer puisqu’ils n’auront probablement pas suffisamment de gras pour accuser le choc thermique de l’eau glaciale.
« Jeunes, ils sont très dépendants du lait maternel. Quand ils sont seuls sur la plage, ils attendent le retour de leur mère, explique le directeur. Dans les premiers jours, elle est collée sur eux, mais elle doit elle-même aller s’alimenter et ça peut prendre un, deux ou trois jours. C’est normal. Malheureusement pour eux, ils sont assez mignons, donc assez vulnérables. »
« Imaginez un ours dans le bois. Ça va vous stresser un peu. Répétez ça 50 fois en quelques jours, ça risque d’avoir un effet cumulatif important. C’est la même chose pour l’animal, d’autant plus qu’il est en très jeune âge. La mère peut même abandonner son jeune, ce qui le condamne à mourir. Le mieux à faire, c’est de les observer de loin. » Idem pour les bélugas, dont certains ont également été aperçus récemment dans la baie de Gaspé. Même si ces mammifères sont curieux, mieux vaut les laisser tranquilles, dans la mesure du possible. « Le moins on les dérange, le mieux c’est. »
Le numéro à composer en tout temps si vous voyez un mammifère marin en difficulté ou mort est le 1 877 722-5346. D’autres nouvelles fraîches à cette adresse.