Actualités > Pour une industrie du phoque dans l’Est
Actualités

Pour une industrie du phoque dans l’Est

Projet pilote mené par l’Association des chasseurs de phoque intra-Québec
Un phoque se prélassant au soleil. (Photo Le Soir – Stéphane Quintin)

Un projet pilote mené par l’Association des chasseurs de phoque intra-Québec (ACPIQ) a été déposé au ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation afin de relancer l’industrie du phoque dans l’Est-du-Québec.

Comme l’indique le directeur général de l’ACPIQ, Gil Thériault, les temps ont bien changé. « Nous ne sommes plus à l’époque des activités de Brigitte Bardot. Le phoque est une ressource abondante qui est de plus en plus prisée, à tel point qu’on ne peut plus répondre à la demande aux Îles-de-la-Madeleine. »

L’idée est donc d’aller chercher un appui politique qui pourrait se traduire par un soutien financier afin de démarrer une filière dans la région. « Il y a un réel potentiel pour la viande de phoque. De plus, la Gaspésie a été touchée de toutes parts en ce qui a trait à la pêche. On parle donc potentiellement de la même clientèle. Et pour donner à César ce qui revient à César, c’est Yannick Ouellet, un chef cuisinier de la Haute-Gaspésie, qui a lancé l’idée », précise Gil Thériault.

De la formation obligatoire est nécessaire pour chasser le phoque.
(Photo Yoanis Menge)

Implanter une logistique

Concrètement, les carcasses de phoques seraient amenées à l’abattoir du Groupe Adel, à Luceville. C’est le seul endroit qui serait ainsi autorisé à travailler le phoque dans toute la Gaspésie et sur la Côte-Nord. Le projet pilote servira à jeter les bases logistiques, qu’il s’agisse du transport vers Luceville, la séparation de la peau et de la viande, délarder l’animal ou encore l’acheminement aux restaurateurs et vers des tanneries potentielles. « Il y aura évidemment des essais et des erreurs, de là le projet pilote. Actuellement, tout ce qui se passe autour du phoque se fait à la boucherie Côte-à-Côte aux Îles-de-la-Madeleine. »

Il existe déjà de l’expertise de chasse aux phoques aux Îles-de-la-Madeleine et sur la Côte-Nord. En Gaspésie, elle reste toutefois à développer.

Que dira le politique ?

Questionné à savoir si l’ACQIP a confiance que les politiciens appuient cette industrie, Gil Thériault se montre sceptique. « Disons qu’on a essuyé des refus dans le passé. C’est un dossier qui est très politique. C’est le politique qui a creusé la tombe de l’industrie, mais c’est aussi la politique qui pourrait la faire renaître de ses cendres. On souhaite que cette fois-ci soit la bonne. Il faudra que les actions suivent les paroles. » Rappelons que Fourchette bleue avait lancé des états généraux sur le phoque afin d’avoir un consensus de tous les acteurs œuvrant dans le milieu.

Il s’agissait par ailleurs d’une priorité pour l’ex-députée des Pêches, Diane Lebouthillier, qui avait plaidé la cause devant l’Union européenne avant de perdre son ministère. Le regroupement a interdit l’importation de certaines peaux de bébés phoques en 1983. En 2009, une interdiction générale de mise sur le marché de produits dérivés du phoque a été introduite.

Traditionnellement, l’un des plus grands marchés pour les produits dérivés du phoque était l’Union européenne, avec des ventes ayant totalisé 5,4 millions de dollars en 2006. La même année, le Canada a exporté pour 17,9 millions de dollars en produits dérivés du phoque dans le monde entier. Les exportations sont depuis en chute libre; elles étaient d’une valeur de 515 000 $ en 2022.

Le Canada estimait l’an dernier que les décisions prises par l’Union européenne concernant l’accès au marché du phoque « sont déterminantes pour les collectivités côtières rurales et éloignées, où les autres possibilités économiques sont limitées ».

Facebook Twitter Reddit