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Carte électorale : la pilule ne passe pas

Révision de la carte électorale
À moins d’une intervention politique, Gaspé et Bonaventure seront fusionnés. (Image CRÉ)

Le maire de Gaspé n’est pas surpris de voir la Commission de la représentation électorale (CRÉ) retirer une circonscription en Gaspésie dans sa proposition révisée déposée mardi. Daniel Côté note toutefois la rapidité à laquelle le document de nouvelle carte électorale a été déposé.

« La conclusion n’est pas une surprise. La rapidité d’exécution en est une. Le corps était encore chaud qu’ils ont ouvert le testament. C’est assez particulier », image l’élu. La décision de la Cour d’appel invalidant la loi adoptée par l’Assemblée nationale pour le statu quo a été rendue lundi. La CRÉ déposait son rapport mardi.

Le maire de Gaspé, Daniel Côté.
(Photo Le Soir – Jean-Philippe Thibault)

Pour des statuts d’exception

Comme plusieurs, le maire de Gaspé espère toujours qu’un statut d’exception puisse être accordé pour Gaspé et Bonaventure. La circonscription des Îles-de-la-Madeleine en possède un, énoncé dans la
Loi électorale. Conséquemment, la Commission ne détient aucun pouvoir sur sa délimitation. Lors des deux révisions précédentes de la carte électorale, les deux commissions en charge de redessiner les cartes avaient momentanément accordé ce statut d’exception malgré le grand écart d’électeurs par rapport à la moyenne. Mais pas cette fois.

« Le travail doit maintenant se faire par les parlementaires qui doivent rapidement modifier la Loi électorale pour prévoir un statut d’exception pour Bonaventure et Gaspé, juste à côté du paragraphe sur les Îles-de-la-Madeleine le temps qu’on revoit plus en profondeur la loi », avance le maire.

À plus long terme, il faudra prévoir un mécanisme pour que chacune des régions du Québec ait un minimum de voix à l’Assemblée nationale, croit celui qui est juriste de formation.

« Sinon, dans 50 ans, on se retrouvera avec une situation où sur les 125 députés de l’Assemblée nationale, il y en aura une centaine dans l’axe Québec-Montréal et la balance dans les régions. On va se retrouver avec un député avec la Gaspésie et l’est du Bas-Saint-Laurent. Je ne pense pas que c’est ça que les parlementaires veulent. »

Pas du même avis

Le rapport de la commission note qu’un statut d’exception pour Gaspé et pour Bonaventure serait en quelque sorte inéquitable. Une vingtaine de circonscriptions pourraient avoir ce droit, selon les commissaires.

« Le fait de garder notre minimum de voix est le strict minimum pour influencer les décisions à Québec », évoque toutefois Daniel Côté, notant qu’après la Gaspésie, ce pourra être le tour de la Côte-Nord et de l’Abitibi-Témiscamingue de perdre une circonscription.

« Ce n’est pas parce que nos populations grandissent moins vite qu’on est moins importants au Québec. Pourquoi nos populations grandissent moins vite ? Souvent, ce sont des décisions gouvernementales moins en phase avec les besoins par rapport aux autres régions qui ont une plus grande représentation », analyse l’élu.

Le premier magistrat mise sur l’unanimité dont ont fait preuve les parlementaires en mai 2024 pour protéger la Gaspésie. Ceux-ci avaient voté à l’unanimité une loi suspendant la révision de la carte électorale.

« Pour l’élection de 2026, la clef du succès est les circonscriptions d’exception. Je ne serais pas surpris qu’il y ait unanimité à l’Assemblée nationale, parce que la loi que la Cour d’appel a cassé qui suspendait les travaux de la Commission visait à protéger la Gaspésie. Pourquoi ils ne le seraient pas aussi unanime ? C’est ce qu’ils ont fait l’an passé. »

L’élu rappelle que la Cour d’appel dit d’ailleurs qu’il serait plus constitutionnel de mettre un statut d’exception dans la loi.

Le maire de Chandler, Gilles Daraîche.
(Photo Le Soir – Jean-Philippe Thibault)

Le maire de Chandler aussi inquiet

Gilles Daraiche parle pour sa part d’une situation désastreuse lorsque questionné sur la fusion de Bonaventure et de Gaspé tel que préconisé par la nouvelle carte électorale. Le maire estime que la décision n’a aucun sens.

« C’est déjà difficile de rencontrer notre représentant dans Bonaventure. Imaginez-vous si on n’en a qu’un. Le poids de travail pour cette personne sera énorme! »

Comme plusieurs, l’élu souhaite en outre que les deux circonscriptions demeurent, déjà que Bonaventure s’étire des plateaux de la Matapédia jusqu’à Chandler, quelque 250 km plus loin. « C’est déjà un grand territoire. Et là, on veut le doubler ? Pour nous, c’est catastrophique de voir ça », se désole-t-il.

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