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Coup double au Chantier Naval Forillon

Le dernier navire de la Garde côtière est livré
L’événement était couru ce matin à Rivière-au-Renard. (Photo Le Soir – Jean-Philippe Thibault)

Deux événements marquants ont été soulignés mercredi avant-midi au Chantier Naval Forillon de Gaspé avec la fin du contrat de construction de 10 navires de recherche et sauvetage et le début de l’assemblage d’un nouveau navire de recherche diesel-électrique pour la Garde côtière canadienne.

Devant un parterre d’employés fiers de la fin de ce chapitre et du début d’un autre, le président-directeur général, Jean-David Samuel, cachait mal la satisfaction du devoir accompli par son équipe, avec en toile de fond la croissance de l’entreprise au cours de la dernière décennie.

« On était 37 à l’époque lorsqu’on a eu le contrat, en 2015. Aujourd’hui, on est près de 100 travailleurs. Ça fait une belle croissance. On a aussi grandi en capacité de gestion. On était trois ou quatre à l’époque et maintenant, on a une structure d’équipe qui est prête pour construire à peu près tous les bateaux de moins de 1000 tonnes ici à Gaspé. »

Le chantier avait obtenu le contrat pour six navires pour des bateaux de recherche et sauvetage en 2015, d’une valeur de 45 millions de dollars. Une option de quatre autres s’est ajoutée en 2018, pour 30 autres millions supplémentaires.

Le dernier de ces navires, le Baie de Gaspé, a été livré mercredi par le Chantier Naval Forillon à la Garde côtière canadienne, en présence de représentants de haut niveau et d’équipages de l’organisation fédérale. Celui-ci remplacera le Cap-aux-Meules, construit en 1996. Le nouveau navire prendra officiellement la mer le 1er avril.

Le Baie de Gaspé entrera officiellement en fonction le 1er avril. (Photo Le Soir – Jean-Philippe Thibault)

Un nouveau navire de recherche

Entre l’obtention du contrat et la fin de ce dernier, la pandémie a frappé, mais n’a pas eu un grand impact sur ses coûts de réalisation, malgré l’explosion des coûts des matières premières.

« On a été chanceux d’une certaine façon. On avait eu les quatre options en 2018 et fait beaucoup d’approvisionnement à long terme. Ça nous a beaucoup aidés. Au niveau de l’acier et de l’aluminium, c’était déjà acheté. Les moteurs aussi étaient déjà achetés. C’est vraiment dans les plus petits items où ç’a eu un eu plus d’impact. La valeur était moindre. Ça nous a permis de rester compétitifs », note Jean-David Samuel. L’impact n’aura été qu’un petit pourcentage sur la marge de profit, précise-t-il.

Il y a un an, le Chantier Naval Forillon obtenait en outre d’Ottawa le contrat pour construire le premier navire semi-hauturier de recherche halieutique hybride diesel-électrique pour la Garde côtière canadienne; un contrat d’une valeur de 55,5 millions.

« On a reçu l’acier. On est vraiment en construction depuis quelques semaines. Le projet avance bien et on devrait avoir une livraison dans deux ans environ », explique le PDG. Toute la phase de conception a été réalisée depuis l’annonce de l’obtention du contrat, en octobre 2024.

Le nouveau bateau, dont le nom n’a pas été annoncé mais qui fera référence aux Premières Nations, sera doté d’un système de stockage d’énergie par batterie, conçu pour réduire la consommation de combustibles fossiles.

Le navire émettra beaucoup moins de gaz à effet de serre qu’un navire non hybride, et sera capable d’effectuer des opérations à basse vitesse sur batterie pendant 30 à 60 minutes par jour.

De plus, les batteries peuvent supporter les opérations de nuit pour éviter d’utiliser des générateurs portuaires, et ainsi générer moins de pollution et de bruit ambiant.

Technologie grandissante

Cependant, un des bébés du chantier en 2013, le traversier hybride Peter-Fraser qui fait la navette entre L’Isle-Verte et Notre-Dame-des-Sept-Douleurs, près de Rivière-du-Loup, ne peut plus compter sur ses batteries qui ont atteint leur fin de vie utile.

« La réglementation était à son début, explique le gestionnaire. On recule à 2011 pour l’ingénierie du Peter-Fraser. Quatorze ans plus tard, la réglementation a changé. C’est possible de les changer, mais il y a des modifications à faire au navire. Est-ce que ce sera la même chose dans 10 ans ? Ou ce sera une nouvelle technologie ? On ne peut pas prédire ce que ce sera dans 10 ans ou 15 ans. »

Le lancement de la construction a été souligné avec la cérémonie de la pièce de monnaie soudée sur la coque du navire. « C’est une tradition maritime. On veut porter chance au navire. »

Jusqu’à 40 travailleurs œuvreront sur la construction du nouveau navire lors des moments forts. Une vingtaine de personnes viennent en support à la construction. La main-d’œuvre est au rendez-vous pour assurer les activités du chantier naval. D’autres contrats sont dans la mire du Chantier Naval Forillon.

« On cible autant au privé qu’au gouvernemental. Le secteur va bien. On regarde tout ce qui se passe. Oui, on veut continuer notre croissance », confirme le président-directeur général.

Le PDG du Chantier Naval Forillon, Jean-David Samuel. (Photo Le Soir – Jean-Philippe Thibault)

Grappe de construction navale

En décembre 2024, la MRC de La Côte-de-Gaspé rêvait d’établir une grappe industrielle régionale en construction navale sur un horizon de cinq ans. Le concept est un atout pour le développement du chantier, croit le PDG du Chantier Naval Forillon, Jean-David Samuel.

« D’avoir l’appui de la MRC aide énormément. On ne se sent pas seul. On a des gens, un écosystème, des fournisseurs qui veulent s’impliquer. C’est important parce que c’est important d’aller dire aux élus qu’on veut croître, mais pas juste pour nous; pour toute l’économie locale. C’est porteur pour nous. »

Le maire de Gaspé et préfet de la MRC, Daniel Côté, présent à la cérémonie, a d’ailleurs noté cette grappe industrielle dans sa courte allocution.

« C’est grâce à vous qu’on est en train de positionner l’industrie navale à l’échelle québécoise, canadienne et mondiale. Pourquoi ? Parce qu’on pense qu’il y a un potentiel incroyable de développer l’industrie navale ici pour diversifier notre économie et assurer l’avenir de notre coin de pays. C’est grâce à votre expertise. »

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