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La passerelle sera reconstruite

Sainte-Madeleine-de-la-Rivière-Madeleine
La passerelle sera fermée cet hiver. (Photo Club Motoneige Rapide Blanc)

Une épine sera retirée du pied de plusieurs amateurs de sports motorisés et d’entrepreneurs locaux. La passerelle enjambant la rivière Madeleine à Sainte-Madeleine sera reconstruite.

Ce dossier avait fait grand bruit l’an dernier, tout juste à l’aube de la saison de motoneige. La passerelle avait été fermée d’urgence le 8 novembre suite à une inspection de sécurité. Un branle-bas de combat s’en était suivi pour trouver une alternative de passage.

La fermeture de l’infrastructure isolait une partie du secteur de l’Estran puisque les motoneigistes nombreux à faire le tour de la Gaspésie par le sentier trans-Québec 5 devaient incidemment couper directement vers le sud pour se rendre vers Gaspé, évitant le secteur de Grande-Vallée et des environs. Le pont routier situé tout près ne peut pas être emprunté par des VTT pour des enjeux techniques et de sécurité. Québec a finalement annoncé qu’un service de navette gratuit serait mis en place.

Afin de trouver une solution pérenne, la passerelle de 288 pieds sera donc reconstruite. Le coût est évalué à 913 000$, dont la part du lion provient de Québec via le Programme d’aide financière aux véhicules hors route géré par la Table des préfets des MRC de la Gaspésie. Un peu plus de 800 000$ provient de cette enveloppe. Les deux fédérations québécoises de quad et de motoneige ajoutent chacune 55 000$ pour compléter le montage financier.

« Cette reconstruction est une excellente nouvelle pour toute la communauté. Les commerces et les entreprises touristiques de l’Estran bénéficieront pleinement du retour des motoneigistes et quadistes qui contribuent significativement à l’économie locale », se réjouit Yohan Perron, directeur général de la Fédération Québécoise des Clubs Quads, qui en a fait l’annonce officielle.

L’industrie de la motoneige représente en outre plus de 70 emplois entre Sainte-Madeleine et Rivière-au-Renard.
(Photo archives)

Pas de navette à date

La fin des travaux de reconstruction est prévue pour juin 2026. La passerelle sera donc fermée cet hiver. Au moment d’écrire ces lignes, il n’était pas encore certain de savoir si le service de navette serait de retour exceptionnellement pour une autre saison. Un comité de suivi tente actuellement de trouver des solutions.

La facture l’an dernier s’était élevée à 150 000$ pour le ministère des Transports et de la Mobilité durable (MTMD). Du 13 janvier au 29 mars, ce sont 1317 motoneigistes qui avaient eu recours au service, selon les informations de Radio-Canada.

« Le ministère est actuellement en discussion avec la Fédération des clubs de motoneigistes du Québec pour trouver une solution », a répondu par courriel de manière laconique une porte-parole du MTMD. Le ministère indiquait toutefois l’an dernier qu’il s’agissait d’une mesure unique et qu’il n’était pas chaud à l’idée de la reconduire une année de plus.

Un secteur isolé

L’isolement potentiel du secteur de l’Estran avait mené à une levée de boucliers l’an dernier, plusieurs entrepreneurs soutenant que le tout aurait des conséquences désastreuses sur leur chiffres d’affaires.

L’industrie de la motoneige représente plus de 70 emplois entre Sainte-Madeleine et Rivière-au-Renard (sans compter les propriétaires eux-mêmes), avait alors calculé la Chambre de commerce de La Côte-de-Gaspé.

Il demeure difficile à évaluer l’impact qu’a eu le service de navette sur les intentions des motoneigistes. Le peu de neige reçue sur la pointe gaspésienne a lui aussi fortement pesé dans la balance

« Dans l’Estran, les motoneigistes sont la principale clientèle touristique hivernale », confirme toutefois Émilie LeBlanc-Laberge, propriétaire d’Évasion Nature Petite-Vallée. L’an dernier, elle estimait entre 75 % et 95 % la proportion de ses clients hivernaux issus du secteur de la motoneige.

« Ça fait toute la différence par exemple à savoir si j’offre le service de restauration ou si je ne l’offre pas. Et s’il n’y a pas d’alternative à la navette, on perd 75% de notre clientèle, c’est énorme! »

Retombées économiques

Globalement, les retombées de la motoneige sont estimées à 40 millions de dollars pour l’ensemble de la Gaspésie. Il s’agit d’un vecteur économique important puisque les 35 000 visiteurs représentent 28% des touristes hivernaux, mais 53% des retombées économiques de la saison froide.

En janvier 2025, on estimait à 26 emplois perdus dans l’Estran si la saison de motoneige était rayée de la carte. En se fiant aux données de l’année précédente, on estimait que le secteur de la motoneige pour les entreprises touristiques de l’Estran représentaient entre 12 et 50% de leurs revenus annuels.

« C’est un impact au niveau des emplois, mais aussi des services à la communauté. Ces impacts vont se répercuter sur les années à venir, analyse Émilie LeBlanc-Laberge. Si on coupe des emplois, est-ce que les employés vont revenir ou on va les avoir perdus? Il faut que le ministère le calcule dans son ratio d’investissements versus l’apport dans la communauté. »

À long terme

Il faudra également savoir ce qu’il en est avant le Salon de la motoneige et du quad Québec du 7 au 9 novembre, un événement où plusieurs touristes préparent leurs séjours d’hiver.

« C’est quand même possible de faire le tour de la Gaspésie par Murdochville pour rejoindre le secteur de Gaspé, mais ça reste un enjeu pour les entreprises de l’Estran même jusqu’à Rivière-au-Renard parce que les motoneigistes ne remontent pas habituellement jusque-là. C’est malheureusement beaucoup d’incertitude pour eux », note Judith Kilgour, coordonnatrice aux communications à Tourisme Gaspésie.

Chose certaine, la nouvelle passerelle rétablira le passage des sentiers de motoneige TQ-5 et quad TQ-30. Cette nouvelle installation représentera un maillon essentiel des réseaux de sentiers de la Gaspésie, notent les deux fédérations québécoises.

En Gaspésie, le quad représente à lui seul plus de 27 millions de dollars en retombées économiques annuelles (restaurants, hôtels, épiceries, stations-service), faisant de ce loisir motorisé un pilier du développement régional.

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