Mille marcheurs pour la réconciliation
Journée nationale de la vérité et de la réconciliation
Pratiquement 1000 personnes ont déambulé dans les rues du centre-ville de Gaspé mardi avant-midi pour marquer la cinquième marche dans le cadre de la Journée nationale de la vérité et de la réconciliation qui se tient un peu partout au Canada.
« Ça nous fait un immense plaisir de voir ça. D’année en année, on est de plus en plus de gens qui marchons pour nous rappeler ces enfants qui ne sont jamais revenus à la maison. Ils sont partis en pensionnat et ne sont jamais revenus alors que d’autres sont revenus écorchés pour la vie », affirme la cheffe de la Nation micmac de Gespeg, Céline Cassivi.
C’était une première présence pour elle depuis qu’elle a été nommée cheffe de Gespeg, il y a près d’un an.
« On sent la réconciliation; le respect. On a quelque 800 enfants ici, plus la population. Les gens sont solidaires, embarquent. Ça nous fait une joie de les recevoir. C’est très symbolique pour Gespeg », ajoute la cheffe.
Le ministre québécois des Relations avec les Premières Nations, Ian Lafrenière, était venu à Gaspé en août. Il déclarait alors qu’il était très important pour lui d’établir des bases solides dans l’esprit de la réconciliation. La cheffe Cassivi note les progrès réalisés.
« On le sent. On aimerait peut-être que ce soit plus ressenti. Je suis confiante. L’important, c’est de parler, se respecter et moi, je vois un avenir très positif pour les Premières Nations. »

De jeunes marcheurs
Cette année, les jeunes de l’école secondaire C.-E.-Pouliot ont été invités à participer à la marche. Tout comme ceux de l’école de Saint-Majorique, en plus de la présence maintenant acquise de ceux du Belle-Anse School de Percé et du Gaspe Elementary School.
Par ailleurs, une dizaine de jeunes du CPE des Butineurs du campus de Gaspé et leurs éducatrices se sont fondus dans la foule.
« C’est un petit changement. Au début, on n’en entendait pas beaucoup parler, note l’agente culturelle de la Nation micmac de Gespeg, Jessica Jean-Morin. Encore aujourd’hui, les enfants en savent plus que nous lorsque nous allions à l’école. L’école prend le temps de leur expliquer et leur dire la vérité de ce qui s’est passé. C’est beau de voir que les jeunes connaissent l’histoire. »
De plus en plus, le milieu s’implique dans le mouvement.
« Il y a de plus en plus de partenaires qui veulent participer à nos événements. On apprécie énormément le vent de changement envers notre communauté », ajoute-t-elle.
Le maire Côté présent
Le maire de Gaspé et préfet de la MRC de La Côte-de-Gaspé estime que sa présence est importante pour souligner cette marche.
« C’est assez atroce ce qu’il y a comme histoire autour des pensionnats autochtones. On a des gens ici dont les ancêtres ont été victimes. Il faut reconnaître cette histoire souvent occultée et œuvrer en mode réconciliation avec la communauté », note Daniel Côté.
La réconciliation entre Gaspé et Gespeg est en marche depuis bien avant la création de cette journée nationale par le gouvernement fédéral, estime en outre l’élu.
« Nous, on est en mode partenariat avec la Première nation de Gespeg. Le fait de ne pas vivre sur une réserve aide à concilier ce qu’on peut faire ensemble. On était déjà dans ce mode et on veut continuer à renforcer le partenariat. Ça n’effacera pas les erreurs du passé, mais si ça peut aider à travailler plus en harmonie sur le futur, ce sera déjà ça de gagné. »
En 2017, les deux conseils avaient par ailleurs tenu une réunion commune pour pousser plus loin cette collaboration.
En rappel
La Journée nationale de la vérité et de la réconciliation est une occasion de rendre hommage aux enfants qui n’ont jamais pu retourner chez eux et aux survivants des pensionnats, ainsi qu’à leurs familles et leurs communautés.
Elle est organisée par les communautés autochtones et vise à sensibiliser aux conséquences intergénérationnelles des pensionnats sur les individus, les familles et les communautés. Elle promeut aussi le concept « Chaque enfant compte ».
Le chandail orange est quant à lui un symbole de la dépossession de la culture, de la liberté et de l’estime de soi dont ont été victimes les enfants autochtones pendant plusieurs générations.
On estime que 6000 enfants sont morts alors qu’ils fréquentaient ces pensionnats autochtones.
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