Création de logements : un nouvel OSBL

Une nouvelle initiative est lancée afin de stimuler la construction de logements en Gaspésie dans une formule éprouvée ailleurs au Québec, pour tenter de régler une fois pour toutes la pénurie.
La Société de développement économique (SDE) voit ainsi le jour. Celle-ci est issue d’un partenariat entre le Regroupement des MRC de la Gaspésie et CMétis, qui construit déjà des complexes et travaille des projets à Cap-Chat et Pointe-à-la-Croix.
Le but est de permettre la construction d’unités d’appartement ailleurs que dans les pôles urbains de la région.
La cible est ambitieuse : construire 300 unités par an hors marché. Plus précisément, le plan est d’avoir 66 logements abordables pour faire face à des besoins urgents, 134 logements intermédiaires pour prévenir la prochaine crise et 100 logements non subventionnés pour les industries.
Les édifices seront préfabriqués avec comme partenaire Maison Laprise. Des économies d’échelle pourront être réalisées en adoptant un concept qui peut être construit partout sur le territoire.
« L’objectif est de permettre aux municipalités de l’Est-du-Québec d’embarquer dans une commande collective annuelle. Ils font une économie de volume, note le président de CMétis, Philippe Dufort. Par exemple, à Mont-Louis, ils pourraient être intéressés pour six logements. Ils vont payer plus cher. Avec la SDE, on vient parler aux élus de la région et leur demander s’ils ont besoin de logements et embarquer dans une commande. Toutes les petites municipalités pourront profiter du prix de gros. »
Le partenariat fait que les élus détermineront les priorités en logement.
« Et nous, on se fera versatile pour répondre aux besoins », précise Philippe Dufort.
OSBL
L’organisme vivra à même les surplus réalisés par les constructions pour payer les employés nécessaires au fonctionnement.
« Comme on est un organisme à but non lucratif, si on réalise un surplus, il sera réinvesti dans les collectivités pour des installations communes ou un autre projet hors marché », souligne le président de CMétis.
Maison Laprise est un partenaire d’un consortium de manufacturiers pour la construction qui a développé un bâtiment qui peut être produit en grande quantité. Habitations Mont-Carleton pourra par ailleurs être appelé à construire des bâtiments.
« Ils font partie d’une alliance manufacturière. À chaque fois qu’on fait une grosse commande à Maison Laprise, ça passe par leur alliance qui s’appelle Multi-modules. À chaque fois qu’il y a une grosse commande, une partie de la production pourrait se faire à Carleton-sur-Mer, Matane, Montmagny ou Rivière-du-Loup. On ne va pas s’immiscer là-dedans, mais oui, il y aura une distribution des commandes », explique Philippe Dufort.
Les entrepreneurs généraux dans chaque municipalité seront appelés à participer à l’implantation des modules préfabriqués.
Si tout se passe rondement, les premiers chantiers pourraient être lancés dès l’an prochain.
« Les programmes actuels venaient avantager les grands centres, car lever 300 unités à Montréal, c’est un projet. Mais en Gaspésie, 300 unités, il faut un maillage, regrouper tout ça, et c’est le rôle qu’on va jouer », soutient M. Dufort.

Réponse positive du milieu
Le Regroupement des MRC de la Gaspésie accueille favorablement cette formule.
« Ça va permettre de déposer des projets de plusieurs centaines d’unités et les répartir partout sur le territoire pour répondre aux besoins de toutes les municipalités de la Gaspésie, que ce soit les plus petites communautés que les plus grandes municipalités », note le président Mathieu Lapointe.
Ce dernier souligne au passage que les discussions avec CMétis se faisaient depuis plusieurs mois. Convaincre les gouvernements sera maintenant plus facile, estime-t-il.
« On pense que derrière la SDE, les gens sont sérieux. Le défi sera de convaincre la Société d’habitation du Québec de la reconnaître comme un grand développeur et lui octroyer des portes pour pouvoir développer sur l’ensemble du territoire. »
Objectif 300 unités par année
La région profite déjà d’une impulsion de construction à grande échelle de préfabriqués. Des annonces ont été faites récemment pour Paspébiac et Grande-Vallée.
Sans avoir un chiffre formel, les besoins sont actuellement estimés à quelque 1500 logements sur l’ensemble de la région. Des firmes externes tentent d’évaluer la situation.
« On pense qu’avec 300 unités par année dans l’Est-du-Québec, on sera en mesure d’avancer pendant plusieurs années. Ce que les experts nous disent, pour avoir un marché équilibré, il faudrait un taux d’inoccupation de 7 %. On est vraiment loin de cette donne-là », précise Mathieu Lapointe. Le taux d’inoccupation est généralement considéré à l’équilibre à 3%.
La participation des municipalités pourra se faire par le don de terrains ou encore des crédits de taxes à long terme, qui complèteraient les aides fédérale et provinciale.
« Le Regroupement des MRC valide les intérêts des municipalités et leurs besoins et où seront réalisés à court terme des projets. Il y aura des annonces bientôt en ce sens-là », avance le président du Regroupement.
« La Gaspésie a besoin d’initiatives structurantes et dynamiques comme la nouvelle Société de développement de l’Est. Une fois encore, la région démontre son potentiel unique d’innovation basé sur la collaboration intersectorielle », a pour sa part indiqué le député fédéral Alexis Deschênes qui était au point de presse pour l’annonce de ce partenariat.