Gaspésie : toujours pas de ministre d’ici

François Legault a nommé la députée de Rivière-du-Loup-Témiscouata, Amélie Dionne, comme ministre responsable du Bas-Saint-Laurent, de la Gaspésie et des Îles-de-la-Madeleine. Celle-ci devient également ministre du Tourisme, en remplacement de Caroline Proulx.
Les doléances de certains acteurs socioéconomiques de la région comme la Chambre de commerce et d’industrie de la Baie-des-Chaleurs n’ont donc pas été entendues. Celle-ci demandait un ministre responsable de la Gaspésie provenant de la députation de la Gaspésie.
Pour l’ex-député péquiste Gaétan Lelièvre, ce n’est pas surprenant, mais pas moins fâchant pour autant.
« C’est décevant depuis le début avec la CAQ. C’est la continuité qui se poursuit. Qu’on change la députée de Rimouski pour celle de Rivière-du-Loup – qui sont deux personnes qui ont quand même des bonnes compétences – ça ne règle pas la question qu’on demeure une région administrative à part entière sans ministre spécifiquement responsable. Ça cause des impacts négatifs sur la réalisation de nos dossiers majeurs. »
Il cite en exemple celui des transports avec la continuité de l’autoroute 20 au Bas-Saint-Laurent, alors que l’enjeu ferroviaire et aérien est davantage ciblé en Gaspésie.
« Il y a un aspect de compétition entre les régions, même si on dit le contraire et surtout dans un contexte de restriction budgétaire. Quand la ministre va arriver au bureau du premier ministre avec ses priorités et qu’elle aura droit à un seul dossier majeur, il y a une des deux régions qui va être perdante. C’est comme ça que ça fonctionne. Ce sont en outre deux grandes régions avec beaucoup de dossiers. On ne peut pas en traiter un nombre infini. »

Les régions écopent encore
Dernier député de la Gaspésie nommé ministre (de septembre 2012 à avril 2014, délégué aux Régions sous Pauline Marois), Gaétan Lelièvre se demande aussi si la nouvelle ministre aura toutes les compétences requises pour des enjeux très locaux comme les pêches ou l’aquaculture. Rivière-du-Loup est par ailleurs deux fois plus près de Québec que de Gaspé, et plus près de l’Assemblée nationale que de Sainte-Anne-des-Monts.
« La connaissance fine des dossiers, ç’a des limites. Est-ce qu’une députée de Rivière-du-Loup peut être aussi au courant qu’un député qui demeure en Gaspésie et qui rencontre les intervenants régulièrement? Ce n’est pas l’idéal. C’est comme si on reniait notre identité et nos particularités. C’est inacceptable. »
L’ex-député de Gaspé s’explique mal ce choix de ne pas piger au sein de la députation de la région. Il avait d’ailleurs de bons mots pour les actuels élus de Gaspé, Stéphane Sainte-Croix, et de Bonaventure, Catherine Blouin.
« Ce sont des gens compétents et bien honnêtement, pour avoir suivi la politique depuis un petit bout, j’ai déjà vu des ministres pas mal moins compétents qu’eux. Je crois que c’est une question de vision du premier ministre et de sa garde rapprochée qui est déficiente au niveau de la réalité des régions. »
« C’est un problème systémique, ajoute Gaétan Lelièvre. La vision et la perception des régions et le peu de places qu’elles prennent au sein des gouvernements, c’est un enjeu national. Avant, c’était automatique d’avoir un ministre par région. Plus maintenant. C’est grave. Ça ramène la place des régions dans l’appareil gouvernemental, la centralisation des pouvoirs et la vision des hauts fonctionnaires. La tendance est lancée. »
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