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Histoire de monts, histoire de noms

Le sentier du mont Vallières-de-Saint-Réal passe par 7 différents sommets. L’origine du nom du pic Sterling demeure inconnue à ce jour. (Photo Le Soir – Jean-Philippe Thibault)

En collaboration avec Dominique Fortier – Les amateurs de randonnées les connaissent bien pour leurs particularités, leurs difficultés et surtout leur grande beauté. Mais bien peu sont capables de dire qui ou quoi se cache derrière les noms des monts les plus populaires en Gaspésie. Suivez le guide!

Mont Jacques-Cartier

Probablement le nom le plus connu de la liste, qui se passe pratiquement de présentation tellement il résonne encore aujourd’hui dans l’espace public, près de 500 ans après que l’explorateur Jacques Cartier ait posé sa croix dans la baie de Gaspé. C’est d’ailleurs sur une proposition de la Commission de géographie du Canada que le toponyme a été adopté le 7 mai 1934 pour souligner le 400anniversaire de sa venue.

Fait intéressant moins connu, avant sa dénomination actuelle, l’endroit était connu sous le nom Botanist’s Dome ou Pic des Botanistes. « Sur les flancs de cette importante montagne en forme de dôme où fleurissent des spécimens de plantes rares, s’étage une végétation boréale, subarctique et alpine qu’une équipe de botanistes américains a étudiée en 1923 », explique la Commission de toponymie du Québec, d’où la plupart des informations de cet article ont été extirpées.

Mont Albert

L’une des ascensions préférées des randonneurs, même si le débat amical demeure à savoir s’il est préférable de faire la boucle en montant ou en descendant la cuve du mont Albert. Quoiqu’il en soit, si la question est légitime, peu d’amateurs de plein air s’interrogent cependant sur le nom derrière cette épique montée qui fait la renommée du parc national de la Gaspésie.

Pour les amateurs de connaissances générales et de jeu-questionnaire, sachez que le nom a été choisi par l’arpenteur-géologue écossais Alexander Murray, qui en a atteint le sommet le 26 août 1845. Il s’agissait tout simplement du jour de l’anniversaire de naissance du Prince Albert de Saxe-Cobourg-Gotha, mieux connu comme étant l’époux de la reine Victoria.

Mont Ernest-Laforce

Extrêmement populaire auprès des familles pour ses chances très élevées d’y rencontrer des orignaux, pour son dénivelé peu élevé (155 mètres) et son belvédère qui permet tout de même un panorama appréciable, le nom de ce sommet n’a été adopté qu’en 1989.

Il rend hommage à Joseph-Ernest Laforce, journaliste et colonisateur qui a aussi donné son patronyme à la municipalité de Laforce, au Témiscamingue. Entre 1900 et 1940, il a été l’instigateur de la fondation de plus de 200 paroisses rurales. Il a également été président de la Société Saint-Jean-Baptiste de Montréal, tout en collaborant à différentes revues, dont L’Action nationale en particulier.

Mont Richardson

Excellent défi sportif avec son dénivelé de 710 mètres, le mont Richardson est le seul avec le mont Albert à être de niveau très difficile selon la Sépaq. Le jeu en vaut cependant la chandelle avec l’une des vues les plus spectaculaires des Chic-Chocs.

Onomastiquement, cette appellation est un hommage au géologue James Richardson, qui a fait des explorations dans la péninsule gaspésienne en 1858 pour la Commission géologique du Canada.

Décédé à Matane, Richardson a contribué à l’avancement de la géologie, notamment par l’enrichissement de la collection de spécimens de minéraux et par l’introduction de la photographie, note la Commission de toponymie du Québec.

Pic du Brûlé

L’un des sommets avec le nom le plus intrigant en Gaspésie. Contrairement à plusieurs autres, son appellation ne provient pas d’un nom propre, bien que le patronyme Brulé existe bel et bien (chapeau à ceux qui se rappellent du hockeyeur Gilbert Brulé).

Dans le cas présent, il s’agit plutôt de la présence d’un brûlé qui s’est produit en 1959 dans la région et qui a détruit 34 240 acres, dont on trouve encore des traces aujourd’hui. Le quotidien Le Soleil du 29 juillet de cette année rapportait que 84 personnes avaient tout perdu dans la destruction de leur maison et que 487 citoyens, principalement de Sainte-Anne-des-Monts et de Cap-Chat, avaient été évacués.

Les Chic-Chocs

Les monts Chic-Chocs comprennent de nombreux sommets, dont 25 qui dépassent les 1 000 mètres d’altitude. L’appellation est archi connue. Son origine, moins.

Si le nom a été officialisé en 1968, il faut remonter beaucoup plus loin dans le passé pour suivre l’histoire de la nomenclature de ce massif montagneux. On croit que Jacques Cartier aurait d’abord donné le nom de Monts Notre-Dame en référence à la Vierge Marie puisqu’il est débarqué en Gaspésie le jour de l’Assomption.

Le nom Chic-Chocs arrivera plus tard sous plusieurs variantes comme ShickShok, Chik-Chaks ou même Chick-Saws. Les Mi’gmaq emploient le nom Sigusoq, qui signifie « crêtes nues ressemblant à des falaises ».

Probablement la plus belle et la plus sous-estimée des randonnées en Gaspésie. (Photo Le Soir – Jean-Philippe Thibault)

Mont Vallières-de-Saint-Réal

Véritable trésor caché de la Gaspésie, le mont Valières-de-Saint-Réal dans la Réserve faunique des Chic-Chocs est probablement l’une, sinon la plus belle randonnée à faire dans la région. Après une ascension prononcée dès le départ, les marcheurs n’ont ensuite plus qu’à parcourir les crêtes sur plusieurs kilomètres avec une vue imprenable à 360 degrés. Quant à son nom, c’est en l’honneur du premier juge en chef canadien-français de la Cour du banc du roi, Joseph-Rémi Vallières.

Mont Xalibu

Il s’agit d’un nom mi’gmaq qui fait référence au caribou. Une autre transcription fait état de Galipu, plutôt que Xalibu, soit la bête qui pioche ou le trépigneur. Ce nom a été proposé par les autorités du parc de conservation en référence au troupeau de caribous qui habite encore le territoire, même si son nombre a grandement diminué au fil des années. Le mont est d’ailleurs inaccessible en hiver.

Monts McGerrigle

Autrefois appelés tabletop ou monts de la table en référence à la typographique de type plateau, ces monts ont adopté officiellement le nom de McGerrigle en 1965 en l’honneur de Harold William McGerrigle.

Travaillant pour le gouvernement du Québec, il sera une importante source de données géologiques avec des travaux s’échelonnant de 1939 à 1959. Ce dernier a été directeur du Service de l’exploration géologique du ministère des Mines, en plus d’être membre de différentes associations, dont la Société royale du Canada.

Mont Hog’s back

Ce sommet tient son nom d’un jargon géologique. Si l’expression hog’s back signifie grosso modo à dos d’âne, le terme est passé dans le vocabulaire des géologues pour désigner une crête relativement droite ornée de roches résistantes inclinées.

Le mont porte ce nom depuis 1968. C’est un endroit prisé des amateurs de randonnées et de ski hors-piste.

Mont Joseph-Fortin

Reconnu comme un endroit de contemplation lorsqu’on se rend au belvédère situé au sommet de ses 1080 mètres d’altitude, son nom est un clin d’œil au coureur des bois et guide de montagne Joseph Fortin, de Sainte-Anne-des-Monts. Ce dernier a pris part aux trois expéditions du botaniste américain Merritt Lyndon Fernald en 1905, 1906 et 1923. On dit que Fortin avait une habileté surprenante à recueillir des plantes pour étudier leurs vertus.

Mont Blanche-Lamontagne

Vestige d’une autre époque, peu de femmes ont vu leur nom être retenu pour la postérité de lieux. La femme de lettres et poétesse Blanche Lamontagne fait exception. Son nom résonne particulièrement en Haute-Gaspésie, puisque la dame a habité Cap-Chat pendant plusieurs années et étudié au couvent de Sainte-Anne-des-Monts.

La bibliothèque de la ville porte d’ailleurs son nom. Elle serait la première poétesse québécoise assumée qui ne cherchait pas à se cacher derrière un pseudonyme. Elle étudiera la littérature à l’Université de Montréal et remportera un concours de la Société du Parler français en 1911, laissant un héritage de textes poétiques à saveur régionale. Son œuvre renaîtra plusieurs années après sa mort ; œuvre associée au mouvement féministe et à l’élan nationaliste.

Mont Lyall

Surtout connu pour ses célèbres mines d’agates qui sont devenues une véritable attraction touristique, le mont Lyall fait référence à T.O. Lyall de la compagnie du même nom, qui avait obtenu des droits miniers à la fin des années 1920. Fait intéressant, la rue Lyall située à Montréal aurait appartenu à la compagnie immobilière Montreal City Land dont T.O. Lyall aurait déposé le plan de lotissement. On avance l’hypothèse qu’il aurait lui-même donné son nom à la rue.

Pour consulter en ligne notre dossier, consultez cette adresse.

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