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Gaspé: le grand requin blanc devenu viral

Le grand requin blanc juvénile aperçu dans la baie de Gaspé faisait entre 3 et 4 mètres. (Photo courtoisie)

Au moment d’écrire ces lignes, la vidéo d’un grand requin blanc s’attaquant à une carcasse de phoque dans la baie de Gaspé avait été vue plus de 525 000 fois. Celle-ci a été partagée le 30 juillet et est rapidement devenue virale.

Pour Olivier Cloutier, propriétaire depuis 6 ans de l’entreprise d’excursions maritimes Cap Aventure et auteur de la vidéo, il s’agit d’un moment bien unique d’avoir pu capter la présence de ce populaire animal qui est répertorié dans le golfe du Saint-Laurent depuis 10 000 ans, mais qui reste difficile à immortaliser sur pellicule.

Lui et ses clients du Québec, de la France et de l’Ontario à bord d’un zodiac sont restés estomaqués par cette rencontre inopinée. La rencontre a été faite approximativement au centre de la baie de Gaspé, entre l’Anse aux Amérindiens (à la hauteur du dernier stationnement du côté sud du parc national Forillon) et Fort-Prével.

« On n’oriente pas nos croisières vers ça, mais ça fait partie des vues exceptionnelles qui impressionnent tout le monde, autant nous que les clients. Entre les capitaines et les scientifiques locaux, c’est un peu un guess de savoir qui aura la chance d’en voir un en premier. C’est une preuve de leur présence, plus que les pings des émetteurs de GPS. »

Un grand requin blanc juvénile

Des organisations comme Ocearch aux États-Unis installent des balises émettrices sur de grands requins blancs afin de mieux connaître leurs déplacements. Elle en a balisé 92 l’an dernier seulement; des milliers ne sont pas répertoriés.

Comme la balise ne peut émettre de signal dans l’eau, c’est lorsque le grand requin blanc remonte à la surface que sa position peut être retracée par satellite. Un grand requin blanc baptisé Quint a d’ailleurs été localisé près des Îles-de-la-Madeleine le 1er août. Ce dernier venait tout juste d’entrer dans la banque de données de Ocearch, en date du 23 juillet. Il pèse 587 livres pour 9 pieds 8 pouces de longueur.

Celui aperçu dans la baie de Gaspé est cependant beaucoup plus petit; un juvénile selon l’Observatoire des requins du Saint-Laurent, qui a confirmé l’information auprès d’Olivier Cloutier. Ce dernier évalue sa longueur entre 3 et 4 mètres. La vidéo a été filmée vers 19 h 45 le soir du 30 juillet dernier.

« La localisation des organismes dont c’est le travail, ça nous a donné quelques idées sur leurs patrons et le moment de leur présence. Les pings étaient souvent plus durant la nuit ou au matin. C’est pour ça qu’on ne les voit pratiquement jamais pendant le jour », analyse-t-il.

Le propriétaire de Cap Aventure, Olivier Cloutier. (Photo courtoisie)

Plus de carcasses

La carcasse de phoque gris charcutée par le grand requin blanc avait déjà une ou deux morsures.

« Il n’a pas été attaqué là; c’était un phoque qui était déjà mort et il n’en restait plus beaucoup. Il a probablement été attaqué au large, précise Olivier Cloutier. Le requin du vidéo, s’il s’attaque à un phoque gris adulte de 400 livres avec des dents d’un pouce, il ne gagnera pas. Il va se faire blesser ou mourir. Comme la carcasse était en suspension et à la dérive, c’est un jeune qui se plaisait à manger dessus. »

C’est d’ailleurs loin d’être la première rencontre qu’il fait avec des carcasses de phoques. Quelques colonies sont touchées selon son expérience; celles de Cap Gaspé – à l’extrémité du parc national Forillon – au pied des chalets Nautika près de Fort Prével, à la pointe Saint-Pierre et près de l’île Bonaventure,

« Elles sont de plus en plus présentes, mais toujours au large. Bref, toutes les colonies qui sont plus exposées au Banc-des-Américains et aux profondeurs du golfe du Saint-Laurent. »

Et des bélugas

Pour l’entrepreneur, il n’est pas surprenant de voir davantage de requins blancs. En 2022, un mâle de plus de 3 mètres et 325 kilos, Tancook, a été repéré en Gaspésie. Il était cette fois près des côtes entre Grande-Rivière et Cap d’Espoir. La nouvelle avait aussi fait grand bruit. L’arrêt de l’exploitation commerciale du phoque depuis des décennies et d’autres phénomènes comme le réchauffement des eaux pourraient expliquer les observations en hausse dans le Saint-Laurent, selon Olivier Cloutier.

Le tout ne serait peut-être pas étranger non plus à une autre rencontre insolite faite cet été. Des bélugas ont été observés pendant près d’un mois dans la baie de Gaspé.

« C’est excessivement rare. Je n’avais jamais vu ça depuis le début de mes opérations. On n’a pas la raison, mais ils semblent exploiter davantage leur aire de distribution. De rester près d’un mois autour de la baie de Gaspé, ça n’avait jamais été vu. On profite de la manne alimentaire et des changements climatiques. »

Quant aux possibilités de revoir l’un ou l’autre de ces animaux marins dans une prochaine excursion de Cap Aventure, les chances sont probablement très faibles.

« Il y en a très peu, mais on serait vraiment heureux », conclut Olivier Cloutier. Plusieurs garderont certainement les yeux ouverts lors de leur prochaine sortie en mer.

Rappelons en terminant que le Réseau québécois d’urgences pour les mammifères marins peut être rejoint en tout temps au 1-877-722-5346. Donc si vous voyez un mammifère marin (phoque ou baleine) en difficulté ou mort, contactez-les.

Un grand requin blanc peut mesure jusqu’à 6 mètres de longueur. (Photo archives – depositphotos.com)

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