Les consultations sur le phoque débutent

Les consultations publiques dans le cadre des états généraux sur le phoque du Saint-Laurent débutent dans les prochaines semaines.
Cette initiative est mise en place par Exploramer, l’Association des chasseurs de phoques intra-Québec (ACPIQ) et l’Agence Mamu Innu Kakussesht. Elle a pour but de rassembler tous les points de vue. Ultimement, un consensus se dégager pour parler d’une seule voix aux différents paliers de gouvernement.
Ainsi, les gens de tous les horizons sont invités à s’inscrire pour participer à l’une des consultations en ligne. Celles-ci se tiendront les 19, 20 et 26 août en français, ainsi qu’en anglais le 27 août.
« Nous voulons la plus grande représentativité possible. Ça inclut les Maritimes. On veut aussi que les communautés autochtones soient là. Il faut aussi que les scientifiques, les chasseurs et que les producteurs de matière première fassent partie de ces consultations », explique Sandra Gauthier, directrice d’Exploramer.
Le phoque en trois axes
Les aspects qui seront abordés par les présidents de chacune des associations derrière la démarche sont la règlementation, la science et la valorisation de la ressource. Ces présidents sont d’ailleurs des experts dans leur domaine, soit Patrick Vincent, Mike Hammil ainsi que Geneviève Myles. Le tout se fait sous la supervision d’un ancien juge de la Cour Supérieure, Me Robert Pidgeon, de Gaspé.
La perception par rapport à la chasse aux phoques a changé au fil des années. Les intervenants œuvrant de près dans le milieu sont d’avis que la règlementation officielle actuelle n’est pas au diapason avec les réalités. À titre d’exemple, Gil Thériault de l’ACPIQ mentionnait qu’une seule entreprise, la boucherie Côte-à-Côte aux Îles-de-la-Madeleine, a le droit de commercialiser le phoque au Québec.
« Elle aurait de la demande pour 3 000 phoques annuellement, alors qu’elle n’a accès qu’à 800 bêtes. »
Sandra Gauthier va un peu plus loin quant à la perception vis-à-vis la chasse à cet animal emblématique. « On veut entendre tous les discours incluant ceux qui sont davantage animalistes. Leurs données sont importantes pour la discussion. D’ailleurs, c’est grâce à eux si on ne chasse plus le blanchon au Québec. C’est aussi grâce à eux si on ne chasse plus pour la fourrure. Toutefois, aujourd’hui, c’est davantage pour la viande qu’on chasse le phoque. On utilise aussi la graisse pour faire de l’oméga-3. On se sert de l’entièreté de la carcasse. Les choses ont donc beaucoup changé au fil du temps. »

(Photo cracieuseté – Yoanis Menge)
Accompagner le gouvernement
Selon la perception de Sandra Gauthier, les états généraux sur le phoque du Saint-Laurent permettront d’adopter des résolutions claires qui seront présentées aux gouvernements, autant du Québec que du Canada. « C’est un sujet qui est délicat, mais on sent que le gouvernement est prêt à faire avancer le dossier. Ces états généraux sont réalisés pour trouver un consensus. »
Lorsque le processus sera terminé, les trois présidents compileront les informations reçues dans les consultations publiques ainsi que les mémoires, et émettront des recommandations préliminaires. C’est lors d’une ultime assemblée qui se tiendra à Matane en novembre que des résolutions seront adoptées.
Traditionnellement, l’un des plus grands marchés pour les produits dérivés du phoque était l’Union européenne. Les ventes ont totalisé 5,4 millions de dollars en 2006. La même année, le Canada a exporté pour 17,9 millions de dollars en produits dérivés dans le monde entier. Les exportations sont depuis en chute libre; elles étaient à 515 000 $ en 2022.
Rappelons qu’en 1983, en réponse aux préoccupations de la population concernant le bien-être des animaux, l’Union européenne a interdit l’importation de certaines peaux de bébés phoques. En 2009, une interdiction générale de mise sur le marché de produits dérivés du phoque a été introduite.
À l’heure actuelle, la demande du marché pour les produits dérivés du phoque correspond à environ 50 000 phoques du Groenland et à un peu moins de 2 000 phoques gris par année. En comparaison, d’après les évaluations des stocks les plus récentes, les prélèvements annuels maximums durables pour le phoque du Groenland et le phoque gris s’élèvent à 425 000 et 77 300 phoques, respectivement. Ces évaluations des stocks sont mises à jour environ tous les cinq ans.
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