Aqueduc et égouts : la mairesse inquiète

La mairesse de Murdochville évoque pour une rare fois son inquiétude vis-à-vis l’état de son réseau d’aqueduc et d’égout, qui a plus de 60 ans.
Lorsqu’on circule dans les rues de la municipalité, on peut apercevoir à certains endroits un gonflement de la chaussée causé par les tuyaux qui se rapprochent de l’asphalte, provoquant une bosse.
« On n’a plus le choix. On ne peut plus attendre. La minière n’est pas encore arrivée. Ça peut devenir dangereux. Ça n’a plus de sens », note Délisca Ritchie-Roussy qui indique que la Ville ne peut pas attendre encore une dizaine d’années.
Une étude réalisée en 2014 évoquait une somme de 38 millions de dollars pour refaire l’ensemble des infrastructures qui avaient été conçues à l’époque pour répondre aux besoins d’une population de 5000 personnes.
« On peut peut-être diminuer la facture, mais ça ne serait pas fait dans les règles de l’art », note l’élue qui estime que la facture a certainement augmenté en raison de l’inflation et de la surchauffe dans l’industrie de la construction.
« C’est comme si on courait toujours après notre souffle. Le gouvernement, de plus en plus, a des difficultés financières. On n’est pas les seuls qui ont besoin d’aide. »
Même si Osisko, qui planche à la relance de la mine de cuivre, a promis d’aider la municipalité dans ses infrastructures, la mairesse ne veut pas tout leur mettre sur les épaules.
« On ne les approche pas en leur demandant toujours de l’argent. Ils sont quand même gentils. On ne veut pas devenir des quêteux. La minière n’est pas encore arrivée. »

(Photo Le Soir – Jean-Philippe Thibault)
Le réseau tient le coup … pour l’instant
Heureusement, le réseau n’a pas de grande perte d’eau et ne subit pas trop de risque pour le moment.
« Ce fut une belle ville, ce fut de belles infrastructures à l’époque, mais il faudra de l’aide gouvernementale. Combien de fois que je me suis plainte sur les ondes? Mais il n’y a jamais aucune personne qui est venue à notre secours », déplore Délisca Ritchie-Roussy qui est arrivée à Murdochville en 1972.
Depuis la fermeture de la mine et de la fonderie au tournant des années 2000, la ville n’a pas progressé.
« On était dans la décrépitude à cette époque. Et aujourd’hui, ce n’est pas plus rose », avoue-t-elle en refusant toutefois d’être défaitiste.
« Je suis rendue impatiente pour tout ce qui nous regarde. J’aimerais que mon tour arrive et le plus vite possible », lance-t-elle en rappelant qu’une éventuelle relance de la mine ne se produira pas avant le tournant de 2030.
Elle veut que le tout se règle rapidement afin de faire face au flux de population qui reviendra habiter sa communauté.
« On est en retard ! On est en retard sur le temps ! Il y a des gens qui réparent leurs maisons, mais on n’est plus là. On avait envoyé plusieurs blocs appartements à Gaspé et on n’a plus ça. On aura 1000 travailleurs durant la construction et il faudra qu’ils s’installent », s’alarme la mairesse.
« Ça m’inquiète, conclut l’élue. C’est rare que je le dis à mon peuple mais ça m’inquiète car on ne veut pas perdre la face. Osisko, c’est une grosse compagnie, mais ils ne paieront pas pour tout et c’est normal aussi ! »