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Percé et la naissance d’une légende

Plume Latraverse lors de son dernier spectacle donné au Festival en chanson de Petite-Vallée en 2016. (Photo Le Soir – Johanne Fournier)

L’été 1970 à Percé a vu naître un trio qui, bien qu’éphémère, a été marquant dans l’histoire de la musique québécoise. Celui-ci propulsera Michel «Plume» Latraverse vers la célébrité.

C’est ce qu’est venu raconter Pierre Landry le 30 juin, lors d’un déjeuner-rencontre inscrit à la programmation du Festival en chanson de Petite-Vallée. L’activité était animée par le directeur général et artistique du Festival, Alan Côté.

C’est dans les rues pittoresques de Percé, à l’été 1970, que trois destins artistiques se sont croisés par hasard. Michel «Plume» Latraverse, le poète Pierrot Léger et Pierre Landry ont formé La Sainte-Trinité, un trio qui ne durera que trois mois, mais qui rappelle l’effervescence culturelle québécoise de son époque.

Percé, un village d’artistes en ébullition

En 1970, Percé était un véritable aimant pour les créateurs. Depuis les années 1940, le village avait attiré des figures comme Jean-Paul Riopelle et André Breton. Dans les années 1960, il était devenu le refuge estival d’une jeunesse québécoise en quête d’expression artistique.

«L’été, une grande partie de la jeunesse du Québec s’en allait sur le pouce à Percé», raconte Pierre Landry, qui a immortalisé cette époque dans son livre Plume, Pierrot et moi. C’était facile de se trouver une place où crécher et un petit emploi.»

Pierre Landry a raconté le récit d’une rencontre fortuite à l’été 1970 entre trois jeunes artistes à Percé qui allait donner naissance au groupe La Sainte-Trinité. (Photo Le Soir – Johanne Fournier)

Le trio se forme graduellement à l’été 1970: Plume Latraverse à la guitare, Pierre Landry à la flûte à bec et Pierrot Léger, poète et ancien candidat libéral fédéral. Leurs performances improvisées dans les rues de Percé, accompagnées d’un petit chien et d’une poule, attirent rapidement l’attention.

L’anecdote la plus savoureuse reste celle de la poursuite intentée par le propriétaire du centre commercial de Percé contre le trio pour avoir chanté sur le toit de son édifice «avec des grelots, une poule et un petit chien». Le jour du procès, le juge ne s’est jamais présenté. Pierrot Léger a alors pris la place du juge, Plume a pris celle de la poursuite et Pierre Landry, celle de la défense devant quelque 200 groupies qui ont bien rigolé à la vue de ce spectacle. Le procès n’a finalement jamais eu lieu.

L’ascension vers Montréal

Après son succès au Centre d’art de Percé, où il se produit avec une mise en scène provocante incluant une cuvette de toilette sur scène, le trio s’installe à Montréal à l’automne 1970. Il obtient un succès retentissant à L’Imprévu, dans le Vieux-Montréal.

Son message contestataire résonne parfaitement avec l’agitation sociale de l’époque, particulièrement pendant la crise d’Octobre 1970. Les journalistes qualifient alors la Sainte-Trinité de «cellule Divertissement», témoignant ainsi de son impact sur la scène culturelle. «C’est l’époque qui nous a définis, philosophe Pierre Landry, nommé le Doc Landry. On gueulait contre la société.»

Un héritage durable

Si La Sainte-Trinité a duré bien peu de temps, il n’en demeure pas moins que son impact dépasse largement sa courte existence. Le groupe a contribué à la carrière solo du légendaire Plume Latraverse, marquant par le fait même les débuts de cette figure emblématique de la chanson québécoise.

L’unique disque du trio, Triniterre, qui a été enregistré en 1971, est devenu un objet de collection se vendant aujourd’hui entre 450$ et 1000$ sur eBay. 

Cette rencontre fortuite de l’été 1970 à Percé illustre parfaitement comment le hasard peut donner naissance aux légendes de notre patrimoine artistique, dans une décennie que François Ricard qualifie de «véritable épopée» et que le Doc Landry cite au début de son livre publié chez Septentrion.

Pierre «Doc» Landry a immortalisé «la véritable histoire de la Sainte-Trinité» dans son livre Plume, Pierrot et moi, publié par Septentrion. (Photo Le Soir – Johanne Fournier)

D’autres nouvelles culturelles ici. Le Festival en chanson de Petite-Vallée se poursuit quant à lui jusqu’au 5 juillet.

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