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Des dizaines de ménages sans logis

Des dizaines de ménages se retrouvent sans logis dans l’Est-du-Québec. (Photo pexels-karolina-grabowska)

Alors que la traditionnelle journée du déménagement bat son plein, quelques dizaines de ménages du Bas-Saint-Laurent et de la Gaspésie n’ont pas signé de bail pour un logement.

Dans une région comme dans l’autre, la situation est semblable à celle de l’an dernier, estiment les intervenants consultés.

«Ce serait exagéré de dire que c’est pire, soulève le cocoordonnateur du Comité logement Bas-Saint-Laurent, Alexandre Cadieux. Statistiquement, c’est dur de baisser plus! C’est une situation qui est en train de s’encrasser; on stagne.»

Forte hausse à l’approche du 1er juillet

Dans la Baie-des-Chaleurs, les chiffres parlent d’eux-mêmes. Selon le directeur général du Groupe ressource en logements collectifs Gaspésie-Îles-de-la-Madeleine, le bureau de Carleton-sur-Mer a reçu une trentaine de nouvelles demandes au cours des six dernières semaines seulement. Ambroise Henry constate que, plus on s’approche du 1er juillet, plus les demandes s’accélèrent. Ces demandes ne proviennent pas uniquement de personnes seules, mais incluent également des couples avec enfants.

Ces nouvelles demandes s’ajoutent aux 150 personnes de la Gaspésie et des Îles-de-la-Madeleine qui sont déjà inscrites sur des listes d’attente depuis la dernière année, portant le total à environ 200 personnes en recherche de logement dans la région. Parmi elles figurent de nouveaux travailleurs, notamment du domaine de la santé, ainsi que des résidents contraints de chercher un nouveau toit après avoir perdu leur hébergement temporaire.

Sans bail

À Rimouski, à moins d’une semaine du 1er juillet, quelque 120 ménages étaient accompagnés par l’Office d’habitation de Rimouski-Neigette en raison de leur difficulté à se loger. Le 26 juin, une vingtaine de personnes se retrouvaient officiellement sans bail. Mais, M. Cadieux soupçonne que le nombre réel est beaucoup plus élevé.

«On voit plein de gens qui sont contraints de rester dans des logements qui sont inadéquats, dans des conditions de logement qui mettent en danger leur santé, déplore-t-il. Certains vivent dans un logement qui est rendu trop petit ou dont la cohabitation est devenue difficile avec les voisins ou un conjoint violent.»

En Gaspésie, la crise du logement présente une particularité saisonnière. «Le gros choc n’est pas tant le 1er juillet qu’un peu avant, soit toute la période du printemps, quand les appartements se libèrent pour le tourisme», explique Ambroise Henry. La location saisonnière force donc de nombreux locataires à quitter leur logement bien avant la date traditionnelle de déménagement.

Le directeur général du Groupe ressource en logements collectifs Gaspésie-Îles-de-la-Madeleine, Ambroise Henry.
(Photo GRLCGÎM)

Itinérance cachée

Un aspect particulièrement troublant de cette crise est l’émergence de ce que les intervenants du milieu appellent «l’itinérance cachée». Il s’agit de personnes qui, faute de logement, dorment sur des divans, dans des sous-sols, retournent vivre chez leurs parents ou s’installent temporairement chez des proches. 

«Ce sont plein de gens qui n’ont pas de logement, mais qui n’apparaissent pas dans les statistiques et qui ne se retrouvent pas à proprement parler dans la rue», explique le porte-parole du Comité logement Bas-Saint-Laurent.

Des pratiques douteuses de propriétaires

La pénurie de logements donne également lieu à des comportements préoccupants de la part de certains propriétaires. Alexandre Cadieux rapporte des cas d’augmentation de loyer illégale et de pressions exercées sur les locataires pour les forcer à quitter leur logement.

«Même si ce n’est pas légal, il y a plusieurs propriétaires qui redoublent d’ardeur et de stratégies mal intentionnées pour que les locataires quittent leur logement pour être capables de faire rentrer du nouveau monde le 1er juillet», s’indigne-t-il.

L’exemple d’un couple installé depuis plus de 20 ans dans un village près de Rimouski illustre ces dérives. L’homme et la femme subissent le harcèlement de leur propriétaire pour quitter leur logement de 4 pièces et demie qu’ils paient 475$ par mois parce que leur propriétaire sait très bien qu’elle pourra le relouer à 1000$. «La propriétaire n’a aucun mandat ni jugement du Tribunal administratif du logement qui permet d’évincer les locataires, dénonce M. Cadieux. Mais, elle fait tout pour leur tomber sur les nerfs!»

Les statistiques de la Société canadienne d’hypothèque et de logement le démontrent: plus le taux de rotation est élevé dans une région, plus les loyers augmentent rapidement. Le taux de rotation est le nombre de logements où, sur un territoire donné, il y a eu des changements de locataires. «Plus ce taux est élevé, plus les augmentations de loyers moyens pour la même année sont élevées», confirme le cocoordonnateur du Comité logement Bas-Saint-Laurent.

Des solutions à développer

Face à cette situation, les intervenants plaident pour une meilleure utilisation des services existants. «Il serait important que les municipalités, particulièrement les plus grandes, utilisent les fonds de la Société d’habitation du Québec pour se doter d’un service d’aide à la recherche de logement», souhaite Alexandre Cadieux. 

À son avis, il serait tout aussi important que les villes qui ont déjà un service d’aide à la recherche de logement le publicisent davantage, clarifient les mandats et fassent mieux connaître ces services auprès de leur population, au même titre que les camps de jour, le déneigement, le recyclage.

«Ce sont des services essentiels à la population qui sont mis en place et auxquels les gens ont droit, soutient le porte-parole du Comité logement Bas-Saint-Laurent. Malheureusement, on en entend trop peu parler. Sur la page Facebook de Rimouski, il y a très peu, voire aucune mention de l’existence de ces mesures pour les gens qui sont en difficulté.

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