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Terry Samuel Bond sur les traces de Terry Fox

Terry Samuel Bond en préparation de sa traversée du Canada. (photo courtoisie)

Terry Samuel Bond s’envolera vers Vancouver le 23 juin pour un défi hors de l’ordinaire : traverser à pied le Canada. Avec une jambe artificielle.

Il y a parfois d’étranges hasards dans la vie. Son grand-père Henri Bond était un homme bien connu à Pointe-Saint-Pierre (Percé). L’homme possédait le Môtel Bond (qui a été racheté il y a quelques années par son petit-fils Jeffrey, le frère de Terry, qui en a fait Le Nordet). Malheureusement, l’aïeul a dû à un moment de sa vie être amputé des deux jambes.

De son côté, la mère de Terry a élevé trois enfants en étant atteinte de surdité. On comprend aisément pourquoi une admiration s’est développée dans la famille pour les personnes handicapées. Notamment pour Terry Fox et son Marathon de l’espoir, en 1981, visant à traverser le Canada pour amasser des fonds contre le cancer. Terry Samuel Bond est né la même année, d’où son prénom. Et d’où sa course, qu’il entamera bientôt.

Les débuts

S’il habite à Montréal depuis 8 ans, presque toute la famille de Terry Samuel Bond demeure toujours à Gaspé et dans les environs, où il a été élevé. Plus jeune, il était pêcheur de crabes, de crevettes et de homards; un métier qu’il a exercé pendant près de 20 ans. Il a notamment travaillé pendant 10 saisons à Percé avec son oncle Jean-Marie Duguay sur le homardier Géronimo l’Apache (qu’on peut d’ailleurs voir dans le documentaire Les pêcheurs de l’anse).

L’homme aujourd’hui âgé de 43 ans a ensuite déménagé dans la métropole avec sa copine de l’époque, où il a commencé un nouveau travail au Port de Montréal, près de la mer; une passion qui l’anime toujours. Il était alors capitaine de remorqueur.

Terry Samuel Bond. (Photo Magasin Général)

L’accident

C’est dans l’exercice de ses fonctions que le drame est survenu, le 1er novembre 2019. « Ce n’était même pas sur l’eau. On était à terre pour faire le remplissage d’un camion-citerne, explique-t-il. À la fin, il restait un tuyau à installer et ma jambe s’est coincée entre le marchepied et le garde-fou. J’ai tenu la tête par en bas un bon bout de temps avec la cheville dans le visage. Je suis resté conscient tout le long. Je ne tenais que par la peau. »

S’il en parle maintenant sereinement, il est jadis passé par toute la gamme des émotions. La première opération après l’accident n’a pas été de tout repos. Encore sous l’adrénaline, il s’est réveillé deux fois et a dû être réanesthésié. « À la fin, je ne me réveillais plus alors on m’a réanimé. Le médecin m’a avoué que l’opération s’est très mal déroulée, mais que je devrais pouvoir marcher de nouveau. »

Ce diagnostic postopératoire ne s’est pas avéré. Les points de suture et les broches ont été enlevés prématurément. « Ç’a rouvert et une grosse infection a pogné là-dedans. On m’a traité pendant environ 9 mois avec des antibiotiques au cœur, 24 heures sur 24. Je ne souhaite pas ça à personne. »

L’amputation

Sans possibilité de rémission, Terry Samuel Bond a finalement pris la décision de se faire amputer, au-dessus du genou. C’était en janvier 2024. Un choix qui aura été salutaire, d’une certaine façon.

« Étrangement, on ampute un membre et ça nous donne de la mobilité. J’ai passé 4 ans en béquilles. Ma jambe était atrophiée et ne répondait plus, avec un gros ulcère dans le mollet. Mon deuil, je l’avais fait. Je traînais une jambe morte et j’avais hâte qu’elle parte. Ça venait avec des douleurs. Là, tout est parti, lance-t-il avec toute sa bonne humeur. Avec une jambe artificielle, ça me permet de marcher, de courir, de faire du vélo et de retrouver ma vie. »

Terry Samuel Bond traversera le Canada avec une jambe artificielle, dès le 28 juin. (Photo courtoisie)

Le défi de Terry Samuel Bond

Aujourd’hui, le Gaspésien court et s’entraîne tous les jours près de chez lui dans le parc Maisonneuve. Une étape obligée s’il veut parcourir les 5260km qui séparent Vancouver de la Pointe-Saint-Pierre.

Rappelons que le 28 juin 1981, Terry Fox mourait. Très exactement 45 ans plus tard, jour pour jour, Terry Samuel Bond entamera sa propre traversée du Canada. « Après l’amputation, je me suis dit qu’il n’y avait pas de hasard dans la vie. Je suis rendu dans la même situation que lui. Si je suis capable d’entreprendre la traversée du Canada, peut-être aussi que je vais être capable de retourner pêcher… »

Dans son aventure, il espère pouvoir conserver le rythme de plus ou moins un marathon par jour, soit environ 42 km. Selon ses calculs, il pourrait arriver à destination en Gaspésie vers la fin du mois de septembre ou au début du mois d’octobre.

Il a d’ailleurs lancé une campagne de sociofinancement de 75 000$ pour l’aider à défrayer une partie des coûts, comme le véhicule récréatif et l’accompagnateur qui l’épauleront pendant le trajet. Une équipe de production – Magasin Général – suivra aussi une partie de son périple pour le documenter.

Aujourd’hui, le Gaspésien est heureux et regarde droit devant. « Oui il y a eu de la frustration; un sentiment d’injustice. Mais je ne peux pas revenir en arrière et passer ma vie à être en colère. On apprend à être résilient. C’est du passé. Si on conserve du ressenti, on n’avance pas vite. Ça va peut-être un peu en inspirer d’autres. Ma mère est sourde et a élevé 3 enfants, c’est une handicapable. On a grandi avec ce minding là. Ç’a été son mot d’ordre toute sa vie et je le reprends maintenant : courage! »

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