Pas plus de cancers au pavillon Cantin

Rien ne laisse croire que les employés du pavillon Cantin à Gaspé aient été exposés à des agents plus cancérigènes que la normale au fil des ans dans leur environnement de travail, selon la Direction régionale de santé publique de la Gaspésie–Îles-de-la-Madeleine qui a présenté aujourd’hui les grandes lignes de son enquête sur le sujet.
« C’est compréhensible que les gens soient inquiets parce qu’il y a eu beaucoup de cas récemment, mais moi je ne le serais pas, explique Wilber Deck, médecin-conseil pour la santé publique. Je ne crois pas qu’il y ait un lien avec le bâtiment. J’ai été exposé personnellement pendant 20 ans pour y avoir travaillé. Ça ne m’inquiète pas. »
Anomalie statistique
Plus tôt cette année, la Direction régionale de santé publique s’est penchée sur le dossier suite à une plainte et des préoccupations d’employés. Ceux-ci notaient davantage de cas de cancer relevés dans les dernières années.
Cette observation n’était pas infondée. Statistiquement, il y a bien une anomalie dans la répartition des cas de cancer au pavillon Cantin. La bâtiment abrite notamment le CLSC et un groupe de médecine familiale.
Dans les 5 dernières années (2020-2024), ce sont 12 cas qui ont été observés. Selon la moyenne québécoise, il y aurait plutôt dû y en avoir 4,38. C’est trois fois plus et statistiquement significatif.
En contrepartie, peu ou pas de cas ont été observés dans les 20 années précédentes. Le nombre de cas attendu était de 2,7 pour chaque tranche de 5 ans. C’était dans les faits plutôt 0 ou 1.
« Si on regarde la période de 25 ans dans son ensemble, c’est à peu près le nombre attendu, mais il y a plus de cas dans la période la plus récente. Il peut y avoir des explications personnelles, mais on ne pense pas qu’il y a des explications de nature environnementale; que c’est dû au pavillon Cantin », résume Wilber Deck.

Test négatifs
Pour mener son enquête, la Direction régionale de santé publique de la Gaspésie–Îles-de-la-Madeleine a analysé la qualité de l’eau et de l’air, en plus d’identifier les différents travaux qui auraient pu être contributifs au développement d’un cancer. Pas de trace d’amiante n’a été détectée. Pas plus que celle de métaux lourds, à une exception près de cuivre dans un abreuvoir qui n’avait seulement d’incidence que sur le goût et la couleur de l’eau. Les tests de radon sont quant à eux en cours, mais aucun cas de cancer de poumon n’a été identifié chez les travailleurs du pavillon Cantin (l’exposition au radon augmente essentiellement le risque de cancer du poumon).
« Tous les tests qui ont été menés par la direction des services techniques et leurs sous-traitants sont revenus négatifs, note Pierre-Olivier Morisset, conseiller en santé environnementale à la Direction régionale de santé publique de la Gaspésie–Îles-de-la-Madeleine. Il n’y avait pas de lien entre les résultats et les cas de cancer de notre enquête. Il n’y a pas de contaminant de l’environnement qui peut être responsable du développement de tous les types de cancers, que nous avions en grande variété. C’est difficile d’associer l’ensemble des cancers à une exposition en particulier ou un type de contaminant. »
La Direction régionale de santé publique précise que sa démarche s’est faite de manière indépendante et transparente. Le rapport final qui est en cours de rédaction sera rendu public lorsqu’il sera terminé. Pour le moment, pas de nouvelle enquête n’est dans le collimateur en raison des résultats obtenus.
« On ne peut pas facilement expliquer tous ces cancers par un même facteur. Rien ne permet de cibler une cause particulière. C’est peut-être seulement aléatoire », conclut Wilber Deck. Pour plus d’articles, cliquez sur ce lien.