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Percé: projet de 5 M$ au Centre d’art

L’ancienne grange patrimoniale Charles-Robin – aujourd’hui le Centre d’art de Percé – a été construite vers 1820. (Photo Le Soir – Jean-Philippe Thibault)

Le Centre d’art de Percé, un poumon culturel qui a amené de l’oxygène à la scène artistique de la ville pendant des décennies, pourra poursuivre sa vocation à l’année grâce à une vaste cure de rajeunissement estimée à 5 millions de dollars.

Le Festival Les Percéides a reçu du fédéral une somme de 2 millions. L’argent servira à restaurer l’ancienne grange patrimoniale Charles-Robin construite vers 1820, sise en plein cœur de la capitale touristique. L’infrastructure appartient aux Bateliers de Percé, qui la loue aux Percéides.

Les travaux à venir feront de l’endroit un centre d’art communautaire. Des ajustements à la plomberie sont initialement nécessaires. Ensuite, l’isolement sera refait de l’extérieur pour une utilisation sur 12 mois.

« Ce n’est pas un lieu uniquement pour le cinéma, mais vraiment multidisciplinaire, avec un espace modulaire qui va permettre d’accueillir des activités en changeant la salle de dimension et permettre aux artistes de se produire avec les arts numériques », explique François Cormier, directeur général et artistique des Percéides.

François Cormier, directeur général et artistique des Percéides, lors de la conférence mardi au Centre d’art de Percé. (Photo Le Soir – Jean-Philippe Thibault)

Un point tournant

Dans son ensemble, le projet du Centre d’art de Percé avoisine les 5 millions de dollars. Le Festival attend maintenant une aide de Québec pour compléter l’autre partie majeure du montage financier. Le ministre de la Culture, Mathieu Lacombe, est déjà venu visiter les installations. L’organisation des Percéides est confiante d’une réponse positive de Québec.

L’argent du fédéral provient de son côté du programme Bâtiments communautaires verts et inclusifs. Seulement 70 projets ont été retenus à la grandeur du Canada. Les travaux doivent être terminés en 2029 au maximum pour que l’argent soit débloqué.

Pour les Percéides, qui ont notamment occupé La Vieille Usine pendant 5 ans avant de poser leurs valises au Centre d’art de Percé il y 8 ans, cette annonce est presque salutaire.

« Ça change tout pour nous, précise François Cormier. Il y avait un désir de pérenniser l’organisme et l’équipe, et surtout d’avoir un ancrage permanent à Percé. C’est ce qui a le plus d’importance dans l’évolution d’un organisme. Cet investissement, ça ouvre plein de possibilités. » Des scénarios pour le futur du Centre d’art de Percé pourront ainsi être abordés, dont son acquisition.

« Ce n’est pas une subvention pour le restaurer et le rendre au privé, précise le directeur général. C’est d’avoir une discussion pour poursuivre sa vocation culturelle pendant des dizaines d’années. »

À noter que la restauration se fera dans une approche écoénergétique. Nergica, le centre de recherche appliquée en matière d’énergies renouvelables, est de la partie.

« Une population qui vit sans culture commence à s’oublier, donc on va la mettre l’avant », se réjouit avec sagesse le préfet du Rocher-Percé, Samuel Parisé.

L’histoire du Centre d’art de Percé

L’ancienne grange servait initialement à mettre du bétail et des chevaux à l’abri de l’hiver, en plus d’entreposer du foin et de la paille. « On parle assez peu de l’aspect agricole de Percé, même si on voit bien les champs dans les gravures du siècle dernier […] La grange patrimoniale est un témoin matériel de cette agriculture de subsistance », explique l’historien Jean-Marie Fallu.

Le déclin de la pêche au fil des ans a cependant rendu incertain l’avenir du bâtiment, jusqu’à ce que l’artiste Suzanne Guité revienne au bercail après avoir étudié auprès de grands maîtres à Florence, Chicago, Paris et au Mexique. Elle fonde en 1956 le Centre d’art de Percé, avec son mari Alberto Tommi.

On y aménage alors un théâtre, une galerie d’art, un cinéma, en plus d’y offrir des ateliers de peinture, de ballet, de modelage et de sculpture, rappelle l’historien Pascal Alain dans Curiosités de la pointe de la Gaspésie. « Le centre d’art devient un lieu de rencontres inestimable où bon nombre d’artistes se produisent », note-t-il. Parmi eux, Félix Leclerc, Jean-Pierre Ferland, Raymond Lévesque, Pauline Julien et Claude Léveillée. Gaston Miron visite également l’endroit.

Suzanne Guité décède toutefois tragiquement le 6 décembre 1981 et l’endroit ferme ses portes, faute de relève. Les Bateliers de Percé s’en portent acquéreurs en 1990.

« Si cette grange voulait parler, elle nous dirait la chance qu’elle a eu d’avoir été sauvée par la culture, parce qu’on ne sait pas ce qui aurait pu arriver après. Pour sauver un élément du patrimoine, il faut toujours lui trouver une vocation actuelle », conclut Jean-Marie Fallu, qui lancera le 22 juin un ouvrage sur l’histoire de Percé.

La charpente de l’ancienne grange Charles-Robin rappelle sa vocation première. (Photo Le Soir – Jean-Philippe Thibault)

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