Lucas Gauthier, champion canadien

En trois combats, personne n’a réussi à avoir le dessus sur Lucas Gauthier. Le boxeur de Petit-Cap (Gaspé) a décroché cette fin de semaine à Québec le titre de champion canadien juvénile (M17) chez les 63 kg.

« J’y allais pour l’or c’est sûr et certain. Je n’irai jamais à une compétition seulement pour participer. Mon but est toujours de gagner et de m’améliorer », explique le pugiliste de manière résolue.

« C’est vraiment beaucoup de fierté, mais aussi de relâchement parce que ça fait des semaines et des mois qu’on se prépare pour ça. Quand tu vois que t’as enfin réussi, c’est un sentiment indescriptible! »

Lucas Gauthier a respectivement battu des adversaires de l’Alberta (décision unanime), de la Nouvelle-Écosse (décision unanime) et de l’Ontario (décision partagée) en finale. Les deux derniers duels étaient contre des gauchers, ce qui n’est pas anodin dans le monde de la boxe.

Heureusement, il avait pu profiter de deux camps d’entraînement à Victoriaville et à Hartford, au Connecticut, pour perfectionner l’art qu’il pratique depuis maintenant 6 ans. « J’ai pu voir plusieurs styles différents pour apprendre à m’adapter et en découvrir d’autres », analyse-t-il a posteriori.

« Il a eu deux bons camps et il est arrivé avec une préparation maximale, précise son entraîneur Dany Pipon. Lucas s’est entraîné avec des juniors un peu plus vieux et expérimentés. Ça lui a permis d’acquérir une forme d’expérience et d’être préparé en conséquence. Il a passé le test. Il était définitivement supérieur, meilleur et plus fort. »

De Camille Huard à Lucas Gauthier

Il s’agit de tout un exploit pour celui qui s’entraîne avec le Club de boxe du Grand Gaspé, à Rivière-au-Renard. De mémoire d’homme, il s’agit du dernier champion national de boxe provenant de la Gaspésie depuis Camille Huard, qui en a fait de même en 1975. « Ça suit un peu ses traces 50 ans plus tard. Il y a quelque chose de beau là-dedans », résume Dany Pipon, qui peine lui-même à contenir ses émotions deux jours après la victoire de son protégé.

C’est qu’il avait lui-même remporté à 14 ans les championnats canadiens à Whitehorse au Yukon, en 1986. Lui aussi en finale avec une décision partagée des juges. « Ce que j’ai vécu avec Lucas tout au long de la semaine, c’est identique. J’en parle et j’ai les frissons sur le corps. Il me fait revivre les mêmes émotions. C’est pas des farces, au retour j’ai pleuré jusqu’à Rivière-du-Loup. Ç’a duré deux-trois heures après le combat », lance en riant Dany Pipon.

Chez les pros?

Les Championnats canadiens M17, M19 et M23 se déroulaient cette fin de semaine au PEPS de l’Université Laval. En parallèle se tenait la troisième édition du Québec Open. Cinq rings de boxe avaient été montés pour l’occasion. Plus de 600 athlètes y étaient. Cette grande fête du sport a permis d’introduire au Temple de la renommée de Boxe Canada le pugiliste québécois Jean Pascal ou encore l’homme de coin et analyste bien connu Russ Anber.

Il s’agissait donc d’une excellente carte de visite pour ceux qui veulent continuer à gravir les échelons, comme Lucas Gauthier. « Je vais évoluer amateur encore un temps, mais c’est certain que j’aimerais virer professionnel un jour », admet le Gaspésien.

À court terme, le Championnat provincial des Gants Dorés se déroulera en septembre. Le prochain événement national devrait être tenu à Calgary, en Alberta. Des compétitions internationales pourraient maintenant s’ajouter au calendrier. Le boxeur vient d’ailleurs tout juste de recevoir son passeport.

« Il va être prêt à affronter des adversaires ailleurs sur la planète, explique son entraîneur. Comme champion canadien juvénile, il va être appelé à faire des compétitions en dehors du pays. Il sera sur l’équipe canadienne juvénile et c’est une belle porte d’entrée pour se présenter chez les juniors, où là tu commences à être remarqué. Ça ouvre toutes les portes. »

L’exploit est d’autant plus exceptionnel qu’évoluer en région peut être plus difficile par manque de partenaires d’entraînement et de distances à parcourir. En 13 ans, Dany Pipon a accumulé au compteur plus de 100 000 km en voyagement.

Pour Lucas Gauthier, il s’agira peut-être d’un tremplin vers une carrière professionnelle. Ce qu’il souhaite pour la suite? « Du succès. » Voilà qui est dit.

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